Pourdonner Ă  la maxime un sens intĂ©ressant —et si possible dĂ©montrable—, il faut fixer une notion de valeur, et constater —ou mieux prouver— que celle du "tout" est plus grande que la somme des valeurs des "parties". Pour faire une somme, il faut dĂ©passer les idĂ©es vagues et dĂ©finir une mesure. La solution Ă  ce puzzle est constituéÚ de 5 lettres et commence par la lettre E Les solutions ✅ pour LE TOUT EST PLUS QUE LA SOMME DE SES PARTIES de mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s. DĂ©couvrez les bonnes rĂ©ponses, synonymes et autres types d'aide pour rĂ©soudre chaque puzzle Voici Les Solutions de Mots CroisĂ©s pour "LE TOUT EST PLUS QUE LA SOMME DE SES PARTIES" 0 0 0 0 0 0 0 0 Partagez cette question et demandez de l'aide Ă  vos amis! Recommander une rĂ©ponse ? Connaissez-vous la rĂ©ponse? profiter de l'occasion pour donner votre contribution! Similaires
voilaune petite aquarelle que j'ai fait la semaine derniÚre pour l'anniversaire de ma soeur, qui adore les oies!! . sur un tableau à peindre, Forum Le Crayon d'Or : Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer. Forum Le Crayon d'Or. Forum basé autour du site www.lecrayondor.com, portraits et dessins.
L'ensemble des activitĂ©s scientifiques qui se sont dĂ©veloppĂ©es dans les pays occidentaux depuis Descartes, repose sur une rĂ©duction du complexe au... Lire la suite 39,00 € Neuf Ebook TĂ©lĂ©chargement immĂ©diat 24,99 € ExpĂ©diĂ© sous 2 Ă  4 semaines LivrĂ© chez vous entre le 13 septembre et le 27 septembre L'ensemble des activitĂ©s scientifiques qui se sont dĂ©veloppĂ©es dans les pays occidentaux depuis Descartes, repose sur une rĂ©duction du complexe au simple. Cette dĂ©marche s'est d'abord avĂ©rĂ©e efficace mais, dans bien des domaines, elle a maintenant atteint ses limites. Les systĂšmes possĂšdent des propriĂ©tĂ©s collectives non rĂ©ductibles Ă  celles de leurs Ă©lĂ©ments constitutifs. Ils sont, pour cette raison, appelĂ©s Ă©mergents, ou complexes. Bien que cette notion soit prĂ©sente depuis fort longtemps dans la pensĂ©e philosophique, c'est probablement l'Ă©tude de systĂšmes biomimĂ©tiques en apparence simples, ainsi que celle des rĂ©seaux, qui a permis de donner une dĂ©finition rationnelle, physique, des processus d'Ă©mergence. Le but de ce livre est donc, tout Ă  la fois, d'aborder certains aspects de la science des systĂšmes et de discuter des implications philosophiques de cette nouvelle science. Ce livre n'est donc ni un ouvrage purement scientifique, ni un ouvrage proprement philosophique mais, plutĂŽt, une tentative de montrer comment un changement majeur de paradigme survenu dans la science contemporaine affecte notre approche de problĂšmes philosophiques anciens. Date de parution 01/09/2008 Editeur Collection ISBN 978-2-7056-6737-5 EAN 9782705667375 PrĂ©sentation BrochĂ© Nb. de pages 325 pages Poids Kg Dimensions 15,5 cm × 21,0 cm × 1,8 cm
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2) ALORS QUE la contradiction de motifs Ă©quivaut Ă  un dĂ©faut de motifs ; qu'en relevant que la somme de 35 000 rĂ©clamĂ©e au titre des frais de gestion n'Ă©tait absolument « pas justifiĂ©e » et, en mĂȘme temps, que sa « justification » relevait de l'article 700 du Code de procĂ©dure civile, la Cour d'appel, qui a tout Ă  la fois
1Il est gĂ©nĂ©ralement admis, dans les diverses sciences traitant des comportements collectifs complexes, qu’il existe des diffĂ©rences fondamentales entre le niveau de l’individu et celui du collectif Knorr, 1981 ; Calhoun et al., 2007. C’est pourquoi il semble logique de prĂ©sumer qu’il existe deux niveaux d’analyse le niveau micro qui se concentre sur les individus et le niveau macro qui se concentre sur le collectif. Cette distinction est Ă  l’origine de la formulation de presque toutes les questions soulevĂ©es par la thĂ©orie sociale visant Ă  trouver la bonne voie qui mĂšne d’un niveau Ă  l’autre la recherche doit-elle partir du micro ou du macro ? Le niveau macro est-il un simple agrĂ©gat ou une nouvelle entitĂ© sui generis ? Comment certaines caractĂ©ristiques du niveau macro Ă©mergent-elles des interactions du niveau micro Boudon, 1981 ? Peut-on rapprocher » ces deux niveaux par une autre thĂ©orie qui les engloberait Bourdieu, 1972 ; Giddens, 1984 ? Peut-on imaginer un niveau intermĂ©diaire ? Et ainsi de suite. Cette sĂ©rie de questions ne se limite pas aux thĂ©ories sociales traitant de l’ĂȘtre humain, mais peut se rapporter Ă  tous les ensembles d’organismes vivants non humains nuĂ©es d’oiseaux, essaims d’insectes sociaux en particulier, Axelrod, 1984 ; Moussaid et al., 2009, ainsi qu’à la notion mĂȘme d’organisme quelle est la relation entre les cellules et le corps ? Dawkins, 1982 ? Ces mĂȘmes questions ont Ă©tĂ© posĂ©es dans le cadre d’un grand nombre de phĂ©nomĂšnes comme les processus mentaux Minsky, 1988 ou les entitĂ©s artificielles vivant in silico les modĂšles multi-agents, par exemple Epstein et Axtell, 1996 [1]. 2Bien que cette division en niveaux ait jouĂ© un rĂŽle considĂ©rable dans la structuration de nombreux programmes de recherche en sciences naturelles et sociales, elle a Ă©galement occultĂ© le phĂ©nomĂšne central que ces sciences visaient Ă  expliquer comment suivre des associations plus fortes, plus vastes et plus durables ? En partant du postulat qu’il existe deux niveaux, ces sciences ont rĂ©solu trop rapidement les questions qu’elles auraient dĂ» laisser ouvertes Ă  l’étude. Qu’est-ce qu’un Ă©lĂ©ment ? Qu’est ce qu’un ensemble ? Y a-t-il vraiment une diffĂ©rence entre les deux ? Qu’entend-on par entitĂ© collective durable ? 3Dans cet article, nous Ă©tudierons comment les traces numĂ©riques laissĂ©es par les acteurs dans les bases de donnĂ©es nouvellement disponibles pourraient modifier la nature mĂȘme de ces questions sur l’origine de l’organisation sociale. Notre objectif est de tester une thĂ©orie sociale alternative dĂ©veloppĂ©e par Gabriel Tarde 1843-1904 Ă  l’aube de la sociologie et qui n’a jamais eu la chance de se dĂ©velopper en raison du manque d’outils empiriques adĂ©quats Tarde, 1903 ; Clark, 2011 [1969] ; Milet, 1970 ; Candea, 2010. Au lieu de commencer par se dire que la question vraiment essentielle est de trouver comment les dĂ©cisions individuelles contribuent aux actes collectifs », nous souhaitons suivre la suggestion de Tarde et ne pas poser cette question afin de nous concentrer sur un sujet diffĂ©rent peut-on dĂ©finir ce qu’est un ordre social durable sans prĂ©sumer qu’il existe deux niveaux Latour, 2006 ? Pour souligner le contraste, nous allons prĂ©tendre qu’il y a davantage de complexitĂ© dans l’élĂ©ment que dans l’ensemble, ou, pour ĂȘtre un peu plus provocant, que le tout est toujours plus petit que ses parties ». Nous appelons ce postulat l’approche par un niveau » A-1 par opposition Ă  l’approche par deux niveaux » A-2. 4Un tel postulat n’est intĂ©ressant que s’il crĂ©e une diffĂ©rence empirique dans le traitement des donnĂ©es. C’est pourquoi nous tenterons de dĂ©montrer deux points Certaines nouvelles techniques numĂ©riques, et surtout certains outils offerts par l’analyse des rĂ©seaux, permettraient de suivre et visualiser le phĂ©nomĂšne social d’une façon qui rend l’approche A-1 un peu plus logique que l’ il est possible d’expliquer les caractĂ©ristiques plus durables de l’ordre social en apprenant Ă  naviguer au travers de monades » entrecroisĂ©es au lieu d’alterner entre les deux niveaux de l’individuel et du collectif. Notons que, par la suite, l’adjectif social » ne se rĂ©fĂ©rera pas aux seuls acteurs humains, mais sera Ă©tendu Ă  toutes les entitĂ©s traitĂ©es conjointement. Pour dĂ©montrer notre raisonnement, nous procĂ©derons de la maniĂšre suivante nous commencerons par utiliser la notion de profil pour donner une idĂ©e gĂ©nĂ©rale de notre analyse section 1 ; ensuite, nous expliquerons en quoi notre approche est diffĂ©rente de l’idĂ©e de structures produites par l’interaction entre acteurs rĂ©duits Ă  leur taille atomique section 2 ; et enfin comment la notion de structure devrait cĂ©der la place Ă  celle de circulation d’ensembles conçus diffĂ©remment section 3. Les derniĂšres sections offrent une description visuelle de l’ ensemble » qui s’avĂšre bien plus petit que ses constituants section 4 et suggĂšrent une approche Ă  la navigation Ă  travers les donnĂ©es, diffĂ©rente de celle associĂ©e Ă  l’idĂ©e de modĂ©lisation section 5.Comment les profils numĂ©riques modifient les relations Ă©lĂ©ment/ensemble5L’essentiel de notre analyse s’appuie sur la maniĂšre dont les profils dĂ©sormais disponibles sur de nombreuses plates-formes numĂ©riques modifient la dĂ©finition mĂȘme de ce que sont les individus – et, Ă  partir de lĂ , comment nous devrions traiter les ensembles. En surfant sur des plates-formes telles que Flickrℱ, ou MySpaceℱ, nous avons tous fait l’expĂ©rience de naviguer d’un page html Ă  l’autre, passant des individus aux groupes, sans jamais rencontrer rien que ne ressemble Ă  un saut de niveau. C’est cette expĂ©rience, si typique du Web que nous voulons utiliser comme base pour repenser la thĂ©orie sociale, car, grĂące Ă  elle, la navigation A-1 est devenue une expĂ©rience commune qui pourrait se rĂ©sumer en une phrase pour identifier un acteur, il faut dĂ©ployer son rĂ©seau. 6Prenons un exemple simple. Nous avons tous prĂ©parĂ© un jour un rendez-vous en cherchant sur Internet le nom de la personne que nous allions bientĂŽt rencontrer. Si, par exemple, nous cherchons sur Internet le curriculum vitae d’un chercheur dont nous n’avons jamais entendu parler, nous obtiendrons une liste d’élĂ©ments vagues au premier abord. Disons que nous venons d’apprendre qu’ HervĂ© C. » est maintenant professeur d’économie Ă  Sciences Po ». Au dĂ©but de la recherche, ce n’est rien de plus qu’un nom propre. Puis, nous dĂ©couvrons qu’il a un doctorat de Penn University », qu’il a Ă©crit sur les comportements de vote parmi les actionnaires d’entreprise », qu’il a dĂ©montrĂ© un thĂ©orĂšme sur l’irrationalitĂ© de l’agrĂ©gation », etc. Si nous parcourons la liste des caractĂ©ristiques, la dĂ©finition s’étendra jusqu’à ce que, paradoxalement, elle prĂ©cise de mieux en mieux de qui il s’agit. TrĂšs vite, comme dans le jeu du portrait, nous allons zoomer sur un nom et un seul, pour atteindre le rĂ©sultat unique HervĂ© C. ». Qui est cet acteur ? RĂ©ponse ce rĂ©seau. Ce qui n’était d’abord qu’une chaĂźne de mots sans signification, sans contenu, un simple point, possĂšde dĂ©sormais un contenu, c’est-Ă -dire un rĂ©seau que rĂ©sume un seul nom propre parfaitement spĂ©cifiĂ©. Cette sĂ©rie de caractĂšres – le rĂ©seau – peut maintenant s’entendre comme une enveloppe – l’acteur – qui renferme son contenu en une formule abrĂ©gĂ©e. 7Dans l’exemple, une entitĂ© est simplement dĂ©finie par la liste non exhaustive des donnĂ©es qui lui sont attachĂ©es. Pour utiliser la terminologie de la thĂ©orie de l’Acteur-RĂ©seau, un acteur est dĂ©fini par son rĂ©seau Law et Hassard, 1999. Ce rĂ©seau ne constitue pas un second niveau ajoutĂ© Ă  celui de l’individu, mais est exactement le mĂȘme niveau, dĂ©ployĂ© diffĂ©remment. En passant de l’acteur Ă  son rĂ©seau, nous restons au sein de A-1 Law, 2004.Figure 1DĂ©tail du profil » du mot clĂ© self-organisation »DĂ©tail du profil » du mot clĂ© self-organisation »Note Le rĂ©seau de la figure 1 a Ă©tĂ© dessinĂ© en prenant comme nƓuds tous les mots clĂ©s, les auteurs, les rĂ©fĂ©rences et les adresses des articles qui utilisent le mot clĂ© self-organisation » sur le Web of Science© entre 2006 et 2010. La taille des nƓuds et des Ă©tiquettes est proportionnelle au nombre d’articles dans lesquels un auteur, une institution, une rĂ©fĂ©rence ou un mot clĂ© lien entre deux nƓuds est créé chaque fois que les deux entitĂ©s apparaissent dans le mĂȘme article. Les liens sont pondĂ©rĂ©s en fonction de la frĂ©quence de la co-occurrence entre les positionner les nƓuds dans l’espace, nous avons utilisĂ© l’algorithme ForceAtlas 2 Jacomy, 2011 implĂ©mentĂ© dans le logiciel Gephi Cet algorithme assigne une force de rĂ©pulsion aux nƓuds et une force d’attraction aux liens pour obtenir une situation d’équilibre dans laquelle les nƓuds fortement liĂ©s tendent Ă  apparaĂźtre proches les uns des autres. Le nƓud correspondant Ă  self-organisation » a Ă©tĂ© effacĂ© par souci de lisibilitĂ© par dĂ©finition il Ă©tait connectĂ© Ă  tous les nƓuds du graphique.Toutes les images sont disponibles en haute dĂ©finition sur fait de se dĂ©placer facilement d’un profil Ă  un autre indique dĂ©jĂ  clairement que les thĂ©ories sociales partant des deux approches A-1 et A-2 ne se rapportent pas Ă  diffĂ©rents domaines de la rĂ©alitĂ©, mais Ă  diffĂ©rentes maniĂšres de naviguer parmi les donnĂ©es Franzosi, 2004 ; Michel et al., 2011. SpĂ©cifique » et gĂ©nĂ©ral », individu » et collectif », acteur » et systĂšme » ne constituent pas des rĂ©alitĂ©s substantielles mais des termes provisoires qui dĂ©pendent plutĂŽt de la facilitĂ© avec laquelle nous naviguons entre les profils et parvenons Ă  les englober par un nom propre. Plus la navigation est difficile, plus sera grande la tentation de les traiter selon l’approche par deux niveaux A-2. Tant qu’il est difficile d’accĂ©der Ă  la liste de tous les articles d’une sous-catĂ©gorie telle que votes de la super-majoritĂ© », on est tentĂ© de la dĂ©finir comme un ensemble » dont l’individu professeur nommĂ© HervĂ© C. » ne serait qu’un membre » – c’est justement ce que fait la notion de paradigme scientifique » au sens de Thomas Kuhn voir ci-dessous. MĂȘme chose s’il n’existe pas de bon site internet listant tous les universitaires de l’universitĂ© appelĂ©e Sciences Po ». Dans ce cas, on sera tentĂ© de dire qu’il existe une entitĂ© dĂ©finie de maniĂšre gĂ©nĂ©rale – une personne morale », par exemple – dont le nom propre est Sciences Po », qui existe dans une indĂ©pendance relative par rapport Ă  tous les acteurs qui dĂ©finissent le contenu de son enveloppe. C’est lĂ  qu’entre en scĂšne l’analyse des deux niveaux un pour les composants, un autre pour l’ensemble. La tentation sera dĂšs lors irrĂ©sistible de regarder le niveau dit de la structure » pour dĂ©finir des caractĂ©ristiques gĂ©nĂ©rales, et le niveau des individus si l’on veut Ă©tudier ce qu’ils ont de particulier. Et pourtant, cette distribution des rĂŽles entre niveaux n’est que l’effet du type de technologie utilisĂ©e pour naviguer Ă  travers les 2Exemple typique d’interface numĂ©rique montrant un mĂ©lange de donnĂ©es agrĂ©gĂ©es et distinctsExemple typique d’interface numĂ©rique montrant un mĂ©lange de donnĂ©es agrĂ©gĂ©es et distinctsNote La figure 2 montre un exemple typique de navigation dans un paysage de donnĂ©es complexe. La capture d’écran montre les donnĂ©es agrĂ©gĂ©es en haut, les statistiques Ă  droite et les blogs individuels en bas Ă  gauche, avec les mots surlignĂ©s l’exemple provient de la plate-forme Linkscape© par Linkfluence©. Ce type de superposition, en rendant visuellement cohĂ©rentes les deux extrĂ©mitĂ©s de tant de thĂ©ories sociales, aide Ă  reconsidĂ©rer l’idĂ©e tardienne selon laquelle micro et macro constituent un artĂ©fact de la maniĂšre dont les donnĂ©es sont les images sont disponibles en haute dĂ©finition sur meilleure preuve que ces deux niveaux ne correspondent Ă  aucun vĂ©ritable domaine ontologique est qu’ils commencent Ă  disparaĂźtre, pour ĂȘtre littĂ©ralement redistribuĂ©s chaque fois qu’on modifie ou qu’on amĂ©liore la qualitĂ© d’accĂšs aux fichiers de donnĂ©es, permettant ainsi Ă  l’observateur de dĂ©finir n’importe quel acteur par son rĂ©seau et vice versa. C’est exactement ce que subissent les notions mĂȘmes d’ individu » et d’ ensemble », grĂące Ă  la remarquable extension des outils numĂ©riques. L’expĂ©rience de plus en plus commune aujourd’hui de naviguer d’un Ă©lĂ©ment Ă  un ensemble peut pousser les chercheurs Ă  accorder moins d’importance Ă  ces deux extrĂ©mitĂ©s provisoires. Au lieu de devoir choisir, et donc sauter de l’élĂ©ment Ă  l’ensemble, du niveau micro au niveau macro, on occupe toutes sortes d’autres positions, en rĂ©organisant constamment la maniĂšre dont les profils sont interconnectĂ©s et entrecroisĂ©s. Ce phĂ©nomĂšne est bien connu non seulement par la thĂ©orie de l’acteur-rĂ©seau, mais aussi par les chercheurs travaillant sur l’analyse de rĂ©seaux White, 2008. Évidemment, nous ne prĂ©tendons pas que les profils numĂ©riques seraient si complets et si rapidement accessibles qu’ils auraient dĂ©jĂ  dissous les deux niveaux, mais seulement qu’ils les ont suffisamment redistribuĂ©s pour montrer que l’analyse par niveaux n’est pas le seul moyen de traiter la navigation dans les donnĂ©es. 10Pour rĂ©sumer cette premiĂšre section, nous affirmerons que si nous avons pris l’habitude de traiter diffĂ©remment une entitĂ© et son contexte, c’est seulement par manque d’accĂšs Ă  la liste de ses propriĂ©tĂ©s. Au minimum, les profils numĂ©riques disponibles posent Ă  la thĂ©orie sociale de nouvelles questions qui ne peuvent pas ĂȘtre abordĂ©es dans le cadre d’une opposition entre l’approche par l’élĂ©ment et celle par l’ isoler des monades » entrecroisĂ©es11AprĂšs avoir donnĂ© un avant-goĂ»t de notre analyse, passons Ă  ses aspects plus opĂ©ratoires et techniques. Dans l’approche par deux niveaux A-2, la procĂ©dure la plus courante pour distinguer les macrostructures des microrelations consiste Ă  Ă©tablir un premier niveau d’entitĂ©s distinctes, puis Ă  leur donner quelques rĂšgles d’interaction et d’observer enfin si la dynamique de ces interactions permet de voir apparaĂźtre un second niveau, celui du collectif. Ce second niveau aurait gĂ©nĂ©rĂ© suffisamment de nouvelles propriĂ©tĂ©s pour mĂ©riter le titre de structure, c’est-Ă -dire une autre entitĂ© pour laquelle il serait possible de dire qu’elle est plus que la somme de ses composants ». C’est le cas dans la plupart des modĂšles de comportements collectifs, qu’il s’agisse d’atomes, de gaz, de molĂ©cules, d’insectes, d’essaims, de marchĂ©s, de foules, d’États, de vie artificielle, etc. voir Moussaid et al., 2009, par exemple. La force explicative et la simple beautĂ© de ces modĂšles sont liĂ©es Ă  un tel minimax obtenir la structure la plus durable et la plus solide Ă  partir de l’ensemble de rĂšgles le plus petit possible. 12Il faut souligner ici que, depuis le dix-septiĂšme siĂšcle, ce modĂšle a toujours Ă©tĂ© Ă©tabli par contraste avec un autre modĂšle, apparemment totalement opposĂ©, qui met, quant Ă  lui, au dĂ©but une entitĂ© sui generis – par exemple un corps, un organe, un super-organisme, une fourmiliĂšre, une ruche, une sociĂ©tĂ©, un État, etc. – afin, ensuite, d’en dĂ©finir les composants » distincts selon leurs rĂŽles » et leurs fonctions ». Cette alternative est souvent appelĂ©e holiste » ou organiciste » Weick, 1995. Bien que les deux visions diffĂšrent gĂ©nĂ©ralement dans les consĂ©quences politiques que l’on peut en tirer Hirshmann, 1980, elles ne sont pour nous que deux façons diffĂ©rentes de traiter le phĂ©nomĂšne social par le biais de la mĂȘme approche A-2. Les deux approches reposent sur des techniques de collecte de donnĂ©es quasi identiques. Leur principale diffĂ©rence rĂ©side dans l’ordre chronologique par lequel elles listent les deux concepts du micro au macro pour la premiĂšre, du macro au micro pour la seconde. Ce que la seconde prend comme point de dĂ©part, la premiĂšre le prend comme but final. 13Prenons le premier cas comme point de dĂ©part, puisque c’est le plus frĂ©quemment utilisĂ© de nos jours. Pour dĂ©finir le premier niveau, le concepteur du modĂšle doit imaginer des entitĂ©s indivisibles, distinctes et dotĂ©es d’aussi peu de caractĂ©ristiques que possible ; ensuite, il conçoit des rĂšgles d’interaction entre ces entitĂ©s atomiques – toujours, aussi simples que possible ; puis, il observe comment ces interactions, aprĂšs nombre de fluctuations, se stabilisent suffisamment pour mĂ©riter le nom de structure ; et enfin, il vĂ©rifie si cette structure est suffisamment solide pour remplacer le tout » que leurs adversaires – les thĂ©oriciens holistiques ou organicistes – prĂ©tendent antĂ©rieurs ou supĂ©rieurs aux parties » Wilson, 1975. 14Ces stratĂ©gies de recherches sont utilisĂ©es, par exemple, par les Ă©thologistes pour reproduire la gĂ©omĂ©trie hautement complexe de la fourmiliĂšre avec seulement quelques rĂšgles d’interaction entre des fourmis aveugles et considĂ©rĂ©es comme des acteurs interchangeables dans le but de prouver qu’une fourmiliĂšre n’est pas un super-organisme Pasteels et Deneubourg, 1987 ; Moussaid et al., 2009 ; Kuong et al., 2011. Cette stratĂ©gie mĂšne Ă©galement aux fascinants modĂšles de marchĂ©s oĂč, sans le coup de pouce de la main invisible », la simple interaction entre des individus Ă©goĂŻstes, mais calculateurs, aboutit Ă  une rĂ©partition des ressources plus Ă©quitable que celle qu’un État aurait pu gĂ©nĂ©rer. C’est aussi le cas des gĂšnes Ă©goĂŻstes » coordonnant des parties du corps pour un rĂ©sultat qu’aucun organe supĂ©rieur Ă  une cellule n’aurait pu dicter Kupiec et Sonigo, 2000. Cela arrive Ă©galement lorsque des sociologues cartographient les schĂ©mas de sĂ©grĂ©gation d’une ville Ă  l’aide des deux seules rĂšgles d’attraction et rĂ©pulsion entre individus voisins Schelling, 1971 ; Grauwin et al., 2009. 15Cette approche A-2 permet de reproduire et de prĂ©voir la dynamique de certains phĂ©nomĂšnes collectifs dans lesquels le comportement des individus peut ĂȘtre dĂ©crit de maniĂšre satisfaisante Ă  partir de quelques rĂšgles et paramĂštres simples. Prenons pour exemple le public d’un stade faisant la Ola ! ». Cette vague humaine peut ĂȘtre expliquĂ©e en caractĂ©risant les rĂ©actions des individus par trois Ă©tats enthousiaste, actif et passif Farkas, 2002. En calculant les probabilitĂ©s de transition entre ces Ă©tats, les scientifiques peuvent prĂ©dire la taille, la forme, la vitesse et la stabilitĂ© de la Ola ! » naissante. Ils pourraient mĂȘme prĂ©dire la manifestation d’une telle vague en fonction du nombre d’initiateurs pour dĂ©clencher une Ola ! », il faut une masse critique d’initiateurs. Lorsqu’une poignĂ©e de paramĂštres suffit Ă  stimuler la dynamique d’un systĂšme, on peut dĂ©crire les individus comme des atomes Barabasi, 2003 ; Cho, 2009. Cette approche s’est avĂ©rĂ©e utile pour comprendre les caractĂ©ristiques de files d’attente, d’embouteillages, de mouvements de foule, etc. 16Mais les humains ne passent pas leur temps dans des files d’attente, des embouteillages ou des mouvements de foule ! Il serait dommage de limiter la portĂ©e de la quantification de la thĂ©orie sociale Ă  ces quelques comportements. Le problĂšme de l’approche atomiste » est qu’elle se rĂ©vĂšle incapable de comprendre les dynamiques collectives plus complexes. Plusieurs causes ont Ă©tĂ© avancĂ©es pour expliquer ce problĂšme par exemple que le comportement humain ne peut gĂ©nĂ©ralement pas ĂȘtre prĂ©dit par des rĂšgles qui seraient indĂ©pendantes du contexte, rĂšgles qui sont nĂ©anmoins nĂ©cessaires Ă  l’écriture d’un algorithme Flyvjberg, 2001. Cependant, la vĂ©ritable explication, selon nous, est que l’approche A-2 part d’une vision trop restreinte du social pourquoi prĂ©sumer qu’il existe d’abord des agents simples, puis des interactions, puis une structure complexe – ou le contraire ? Pourquoi distinguer des instants successifs – dans quelque ordre que ce soit ? 17Une telle segmentation est particuliĂšrement Ă©trange quand il devient si facile de collecter beaucoup d’informations sur chaque entitĂ© distincte prise dans ses connexions avec d’autres afin d’en extraire le profil Ă©largi. Si la complexitĂ© des Ă©lĂ©ments distincts peut ĂȘtre Ă©tudiĂ©e et traitĂ©e, pourquoi serait-il nĂ©cessaire de dĂ©pouiller d’abord ces Ă©lĂ©ments de toutes leurs caractĂ©ristiques ? Pourquoi les modĂšles devraient-ils fonctionner de maniĂšre classique en ajoutant des rĂšgles d’interactions simples entre des atomes maintenant dĂ©possĂ©dĂ©s du rĂ©seau de propriĂ©tĂ©s qu’ils possĂ©daient auparavant ? Et pourquoi la complexitĂ© devrait-elle ĂȘtre le rĂ©sultat d’un ensemble calculĂ©, alors qu’elle Ă©tait lĂ  dĂšs le dĂ©part ? Ce qui apparaissait comme du bon sens avec une certaine technologie de collecte de donnĂ©es pourrait cesser de l’ĂȘtre maintenant que les profils sont si facilement accessibles. 18Dans l’approche A-1, en revanche, les Ă©lĂ©ments ne peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s, au sens strict, comme interagissant les uns avec les autres ils sont l’un et l’autre Ă  la fois, ou, mieux, ils se possĂšdent l’un l’autre, puisque chaque entrĂ©e de la liste qui caractĂ©rise une entitĂ© peut aussi ĂȘtre une entrĂ©e de la liste caractĂ©risant une autre entitĂ© Tarde, 1903, 1999 [1895]. En d’autres termes, l’association n’intervient pas aprĂšs que des entitĂ©s ont Ă©tĂ© dĂ©finies par quelques propriĂ©tĂ©s, mais constitue ce qui caractĂ©rise les entitĂ©s en premier lieu Dewey, 2010. On peut mĂȘme prĂ©tendre que la notion d’ interaction » en tant que rencontre entre Ă©lĂ©ments distincts est la consĂ©quence du fait que l’on possĂšde des informations limitĂ©es sur les attributs qui dĂ©finissent ces Ă©lĂ©ments Latour, 2010. 19Mais existe-il une alternative Ă  la logique qui diffĂ©rencie atomes, interactions et ensembles comme des sĂ©quences successives, quels qu’en soient l’ordre et la chronologie ? Une alternative qui n’obligerait pas l’observateur Ă  passer du niveau micro au niveau macro comme l’exige l’approche A-2, mais qui resterait, comme le rĂ©clame la thĂ©orie de l’acteur rĂ©seau, totalement plane » ? 20Il nous semble que l’alternative Ă  la structure atome-interaction serait ce que Gabriel Tarde appelait, en rĂ©fĂ©rence Ă  Leibniz, une monade » Tarde, 1999 [1895]. Une monade n’est pas une partie de l’ensemble, mais un point de vue sur toutes les autres entitĂ©s prises conjointement et non pas saisies Ă  la façon d’une totalitĂ©. Bien que les historiens de la philosophie dĂ©battent encore de ce qu’est une monade pour Leibniz et ce qu’a vraiment voulu dire Tarde Milet, 1970 ; Candea, 2010, nous prĂ©tendons que cette notion quelque peu exotique pourrait ĂȘtre rendue pleinement opĂ©rationnelle par la navigation Ă  travers les profils numĂ©riques que nous venons d’esquisser. 21Notre argument repose sur la pratique d’un lent apprentissage de ce qu’ est » une entitĂ© quand on ajoute de plus en plus d’élĂ©ments Ă  son profil. Au dĂ©but, l’entitĂ© n’est qu’un point dans notre exemple, elle n’est qu’un nom propre HervĂ© C. », une entrĂ©e sur laquelle on clique sur l’écran d’un ordinateur puis elle se remplit » avec de plus en plus d’élĂ©ments qui la prĂ©cisent jusqu’à ce que l’observateur considĂšre qu’il en sait suffisamment et qu’il commence Ă  associer le nom propre de l’entitĂ© Ă  la liste tout entiĂšre. Que s’est-il passĂ© ? Nous avons dĂ©fini une monade, c’est-Ă -dire un point de vue trĂšs spĂ©cifique – telle ou telle entitĂ© – Ă  partir de toutes les autres entitĂ©s prĂ©sentes dans l’ensemble de donnĂ©es. Le principe de cette navigation est qu’elle ne commence pas avec des Ă©lĂ©ments interchangeables – comme avec l’approche A-2 – mais individualise une entitĂ© en dĂ©ployant ses caractĂ©ristiques. Plus la liste des Ă©lĂ©ments s’accroĂźt, plus le point de vue sur cette monade particuliĂšre se prĂ©cise. Il commence par un point, et il se termine pour l’instant en monade, avec un intĂ©rieur englobĂ© par une enveloppe. Si l’on devait poursuivre la recherche indĂ©finiment, le monde entier », comme disait Leibniz, serait saisi » ou reflĂ©tĂ© » par ce point de vue idiosyncratique. 22Comme nous l’avons vu, l’intĂ©rĂȘt crucial de cette notion de monade – si on met de cĂŽtĂ© sa mĂ©taphysique exotique – est qu’elle est pleinement rĂ©versible, un aspect qu’il Ă©tait impossible de mettre en Ɠuvre avant l’accĂšs aux mĂ©dias numĂ©riques. Chacun des Ă©lĂ©ments utilisĂ©s pour dĂ©finir l’entitĂ© est lui-mĂȘme modifiĂ© en devenant un Ă©lĂ©ment de cette entitĂ©. Dans notre exemple, bien qu’ĂȘtre professeur Ă  Sciences Po » dĂ©finisse qui est HervĂ© C. », lorsqu’on passe en quelques clics Ă  Sciences Po » nous rĂ©alisons que cela est devenu un corps acadĂ©mique lĂ©gĂšrement diffĂ©rent maintenant qu’il est capable d’attirer un mathĂ©maticien » et un Ă©conomiste rĂ©putĂ© de l’étranger » comme doyen des affaires acadĂ©miques ». Sciences Po » aussi a Ă©tĂ© individualisĂ©e et elle ne peut en aucune façon ĂȘtre prise pour un Ă©lĂ©ment du contexte » Ă  l’intĂ©rieur duquel HervĂ© C. » devrait ĂȘtre situĂ© ». En d’autres termes, selon la façon dont on navigue sur son profil, Sciences Po » est Ă©galement une monade. 23Le cĂŽtĂ© rafraĂźchissant de cette nouvelle habitude de circuler est qu’on n’a jamais Ă  identifier une entitĂ© comme partie d’un tout », puisqu’il n’y a pas de tout. En effet, dans l’approche A-1, il n’y a, au sens strict du terme, aucun atome isolĂ© les profils sont totalement dĂ©ployĂ©s au travers de leurs attributs, ni aucun tout chaque tout est la liste des acteurs qui le composent. L’expĂ©rience de naviguer parmi les profils disponibles sur des plates-formes numĂ©riques est telle que, lorsqu’on passe d’une entitĂ© – la substance – Ă  son rĂ©seau – ses attributs –, on ne passe pas du particulier au gĂ©nĂ©ral, mais du particulier Ă  d’autres particuliers. 24En d’autres termes, tant la notion de contexte » que celle d’ Ă©lĂ©ment » peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme des artefacts dus Ă  l’usage de certains outils de navigation Hagerstrand, 1953 ; Garfinkel, 2002 ; Latour, 2006. Élargissez la liste des entrĂ©es, facilitez la navigation, visualisez correctement l’ intĂ©rieur » de chaque monade et vous pourriez bien ne pas avoir besoin du tout du schĂ©ma structure-atome-interaction ou de la rĂ©partition entre acteurs et systĂšme. Vous passerez de monades en monades, sans jamais quitter le niveau des particuliers et pourtant, vous ne rencontrerez pas le moindre Ă©lĂ©ment de taille atomique, sauf au premier clic, lorsque vous commencerez vos recherches sur un Ă©lĂ©ment et n’obtiendrez qu’un point vide. 25À prĂ©sent, notre hypothĂšse de travail devrait ĂȘtre plus claire il doit ĂȘtre possible de passer d’un particulier Ă  un autre en obtenant en chemin des ensembles partiels et sans jamais recourir Ă  aucun des trois concepts qui composent l’approche A-2 il n’existe pas d’élĂ©ment distinct ; ils n’interagissent pas ; il n’y a pas de tout supĂ©rieur aux parties. Une conclusion aussi radicale s’explique en partie par la nouvelle disponibilitĂ© de donnĂ©es qui permettent aux entitĂ©s d’ĂȘtre distinguĂ©es par la liste non exhaustive des attributs qui les composent. C’est ce qu’on veut dire par une monade, un point de vue, ou, plus exactement, un genre de navigation qui compose une entitĂ© au travers d’autres entitĂ©s et, par ce biais, les singularise toutes successivement – toutes » Ă©tant une liste ouverte dont la taille et la prĂ©cision dĂ©pendent de recherches complĂ©mentaires et jamais de l’irruption soudaine d’un niveau supĂ©rieur. 26En d’autres termes, les donnĂ©es peuvent ĂȘtre traitĂ©es par deux procĂ©dures de navigation opposĂ©es une qui repose sur une sĂ©rie de sauts de l’atome Ă  l’interaction puis Ă  la structure – et vice versa, et l’autre qui repose sur le principe monadologique. Introduit dans la thĂ©orie sociale par Tarde par le biais de moyens littĂ©raires, puis abandonnĂ© en raison du manque de moyens empiriques pour la mettre en Ɠuvre, ce principe pourrait connaĂźtre une seconde vie grĂące aux nouvelles techniques de navigation et de visualisation numĂ©riques disponibles Candea, 2010. 27Pour rĂ©sumer cette deuxiĂšme section, il est important de souligner que nous sommes parfaitement conscients qu’une telle dĂ©finition reste trĂšs tributaire de la qualitĂ© et de la quantitĂ© d’informations ainsi que des techniques de visualisation Ă  notre disposition. Souvenons-nous que notre analyse est strictement limitĂ©e au processus de recherches dans les bases de donnĂ©es numĂ©riques et que nous ne tenons pas compte de la maniĂšre dont ces Ă©lĂ©ments sont collectĂ©s dans la vraie vie ». Nous admettons qu’identifier des monades ne sera pas toujours faisable. Pour la plupart des entitĂ©s, le profilage sera impossible pour un certain nombre de raisons nos techniques d’observation sont trop rudimentaires pour suivre chaque entitĂ© individuellement – c’est souvent le cas avec les fourmis d’une fourmiliĂšre, les cellules d’un organe, des acteurs humais dans un sondage de grande Ă©chelle ;les entitĂ©s sont vraiment interchangeables puisqu’il n’y a aucun moyen, mĂȘme avec les outils de suivi les plus sophistiquĂ©s, de les diffĂ©rencier entre elles – ce sera le cas d’atomes dans un gaz Jensen, 2001 ;mĂȘme s’il Ă©tait possible de les diffĂ©rencier, la plupart de ces informations devraient ĂȘtre effacĂ©es ou gardĂ©es secrĂštes pour des raisons d’éthique – c’est gĂ©nĂ©ralement le cas des appels tĂ©lĂ©phoniques, rĂ©seaux sociaux, fichiers mĂ©dicaux, etc. ;bien qu’elles se revendiquent transparentes et Ă©galitaires, la plupart des bases de donnĂ©es actuelles sont pleines d’inĂ©galitĂ©s de statuts et la plupart dĂ©pendent de dĂ©finitions plutĂŽt grossiĂšres du monde affirmons simplement que chaque fois qu’il est possible de recourir aux profils, le principe monadologique se rĂ©vĂ©lera fructueux. La raison pour laquelle nous insistons tant sur cet aspect est qu’il suit un autre des raisonnements de Tarde qui stipule que l’approche A-1 n’a pas du tout Ă  ĂȘtre limitĂ©e aux acteurs humains. Chaque fois qu’un chercheur a rĂ©ussi, par le biais d’une stratĂ©gie de recherche habile, Ă  isoler des profils particuliers d’agents – babouins Strum et Fedigan, 2000, bactĂ©ries Stewart et al., 2004, publications scientifiques Chavalarias et Cointet 2006, rĂ©seaux sociaux White, 2008, corporations Stark et Vedres 2006, pour citer quelques exemples qui ont fourni des rĂ©sultats remarquables – la portĂ©e de l’approche A-2 s’est considĂ©rablement affaiblie. Ainsi, les premiers primatologues considĂ©raient les babouins comme vivant Ă  l’intĂ©rieur » d’une structure sociale trĂšs rigide dominĂ©e exclusivement par les mĂąles, jusqu’à ce que des techniques plus avancĂ©es d’individualisation permettent de cartographier la contribution de tous les individus superposĂ©s, rĂ©vĂ©lant les qualitĂ©s sociales remarquables des femelles babouins Strum, 1995. C’est la raison pour laquelle nous sommes convaincus que la procĂ©dure de navigation A-1 apportera une alternative utile dans la collecte et l’organisation de bases de passer du mĂ©ta-rĂ©partiteur »28AprĂšs avoir montrĂ© comment la notion de monade peut modifier la distribution des rĂŽles entre Ă©lĂ©ments de taille atomique et interactions, nous devons Ă©tudier comment elle peut se substituer Ă  la notion de structure – que cette derniĂšre apparaisse avant les interactions comme dans les thĂ©ories holistes, ou Ă  la fin, comme dans les thĂ©ories individualistes. Avons-nous vraiment besoin de ce niveau pour comprendre le comportement collectif maintenant qu’il est devenu plus simple d’accĂ©der Ă  des profils Ă©largis et superposĂ©s ? 29Le problĂšme vient du point de dĂ©part utilisĂ© dans l’approche A-2 pour formuler cette question. Dans sa version la plus classique, elle repose sur la prĂ©somption que les comportements collectifs sont dĂ©terminĂ©s Ă  partir d’un point central qui demeure une constante, quel que soit le nom qu’on lui donne au fil de l’histoire intellectuelle providence, super-organisme, État, organe politique, sĂ©lection naturelle, etc. Pour rester neutre, on l’appellera un mĂ©ta-rĂ©partiteur. Cette idĂ©e est si profondĂ©ment ancrĂ©e que mĂȘme ceux qui contestent son existence ne peuvent s’empĂȘcher de la prendre comme point de dĂ©part. C’est parce qu’ils se sentent obligĂ©s de discuter l’existence de ce mĂ©ta-rĂ©partiteur que nombre de scientifiques, lorsqu’ils Ă©laborent leurs modĂšles, dĂ©finissent la question de la maniĂšre suivante comment se fait-il que les individus puissent crĂ©er un ordre sans l’existence d’aucun rĂ©partiteur ? » 30Par exemple, comment les fourmis, sans aucun super-organisme et en l’absence de planification centralisĂ©e du type esprit de la fourmiliĂšre », sont-elles nĂ©anmoins capables de construire des nids aussi fonctionnels Wilson, 1971 ; Kuong et al., 2011 ; comment le public d’un stade peut-il si bien coordonner les mouvements d’une Ola ! » sans aucun Ă©lĂ©ment centralisateur donnant le signal ou des instructions pour lancer le processus de la vague Farkas, 2002 ; comment un vol d’oiseaux, les Ă©lĂ©ments Ă©goĂŻstes et calculateurs d’un marchĂ©, et ainsi de suite, peuvent-ils faire preuve d’ordre sans qu’un ordre soit donnĂ© ? La fourmi ne voit pas la globalitĂ© du nid ; le fan de football ne contrĂŽle pas le mouvement de la Ola ! » ; aucun oiseau n’a de vision du vol tout entier, aucun gĂšne n’anticipe le phĂ©notype qu’il finit par produire, aucun agent Ă©conomique n’entrevoit la globalitĂ© du marchĂ©, etc. Et pourtant, les gens semblent s’étonner qu’au final, il existe des structures et des ordres. D’oĂč l’objectif annoncĂ© des thĂ©ories sociales de comprendre qu’un tel exploit soit possible en l’absence » de rĂ©partiteur central. Dans tous ces programmes de recherches, l’approche A-2 distingue d’un cĂŽtĂ© un mĂ©ta-rĂ©partiteur qui pourrait en thĂ©orie » obtenir le mĂȘme rĂ©sultat mais qui est dans les faits absent et, d’un autre cotĂ©, la surprenante capacitĂ© de chaque Ă©lĂ©ment de taille atomique Ă  obĂ©ir » Ă  l’ordre d’un maĂźtre inexistant. N’est-ce pas quasiment un miracle ? C’en est un en effet
 31Quoique cette approche semble de bon sens, nous pensons que c’est elle qui a acculĂ© de nombreux programmes de recherches dans une impasse. Elle implique en effet que la structure Ă©mergeant des interactions entre les Ă©lĂ©ments atomiques devrait, au final, imiter ce que le rĂ©partiteur absent Ă©tait censĂ© faire Ă  savoir, crĂ©er des rĂšgles de comportement et donner des ordres aux Ă©lĂ©ments. Comme nous le verrons, cette dĂ©finition place les analystes face Ă  un dilemme, les contraignant simultanĂ©ment Ă  dire que la structure fait le mĂȘme travail que le rĂ©partiteur mythique et pourtant que c’est totalement diffĂ©rent puisque le rĂ©partiteur n’existe pas ! Le rĂ©sultat net et paradoxal est de rendre le paradigme qui fait passer du niveau micro au macro impossible Ă  diffĂ©rencier de son prĂ©tendu opposant, qui va du macro au micro. S’il n’y a pas de rĂ©partiteur, pourquoi demander Ă  une structure Ă©mergente qu’elle remplisse les mĂȘmes fonctions que ce fantĂŽme ? L’existence subliminale d’un mĂ©ta-rĂ©partiteur – mĂȘme lorsqu’il est dit ne pas exister – paralyse les thĂ©ories sociales dans leur recherche du bon moyen de dĂ©finir le phĂ©nomĂšne clĂ© du social. C’est le fantĂŽme qui effraie la recherche, encore plus sĂ»rement que le mythe d’un individu conçu comme un atome Tarde, 1999 [1895]. 32De la mĂȘme façon que l’approche A-2 prend l’élĂ©ment individuel pour un atome, et donc passe Ă  cĂŽtĂ© du profil qui l’individualise comme nous avons vu dans la section 2, l’approche A-2 passe encore plus sĂ»rement Ă  cĂŽtĂ© de la dĂ©finition de ce qu’est une totalitĂ© en dĂ©finissant la structure comme l’équivalent fonctionnel du tout » absent. Si les monades ne sont pas des atomes, elles n’entrent pas » non plus dans » ou ne finissent pas par former » des structures. 33Cette analyse perd son apparence de radicalitĂ© lorsqu’on prend en compte, une fois de plus, l’expĂ©rience pratique consistant Ă  naviguer dans les fichiers de donnĂ©es. Lorsqu’on dit, par exemple, que des fourmis, en interagissant, produisent involontairement une fourmiliĂšre sans » ĂȘtre elles-mĂȘmes conscientes du plan d’ensemble », nous avons involontairement confondu deux points de vue diffĂ©rents celui de la fourmi et celui de l’éthologue. C’est ce qui explique la dĂ©connexion quand on dit que les fourmis, par le biais de leurs interactions aveugles, engendrent » la structure Ă©mergente du nid. À proprement parler, elles n’engendrent rien de la sorte – l’information concernant le nid qu’elles construisent est juste une autre monade, un nid individualisĂ© dĂ©fini par les fourmis qui vivent Ă  l’intĂ©rieur. Ce que nous appelons la structure Ă©mergente du nid » est une question qui concerne l’observateur humain mais pas les fourmis elles-mĂȘmes. Alors qu’en se basant sur l’approche A-2, il semble qu’il existe une voie qui mĂšne du premier niveau au second, cette voie n’est rien qu’une connexion virtuelle due au fantĂŽme du rĂ©partiteur central et au fait que les scientifiques oublient qu’ils observent la situation Ă  partir de deux points de vue sans aucun lien pratique entre eux les fourmis ne s’intĂ©ressent pas aux liens-atomiques-entre-fourmis-aveugles-mais-nĂ©anmoins-capables-de-rĂ©soudre-le-problĂšme-de-l’ordre-social-global ». Si nous voulions tenir compte de leur expĂ©rience de la globalitĂ©, les fourmis devraient pouvoir s’intĂ©resser Ă  un phĂ©nomĂšne entiĂšrement diffĂ©rent de celui de l’objectif fantĂŽme dĂ©signĂ© par l’approche A-2 – lĂ  rĂ©side le grand intĂ©rĂȘt du concept de la stigmergie » Theraulaz et Bonabeau, 1999. 34Il serait encore moins scientifique de demander aux fourmis de rĂ©soudre cette question anthropocentrique puisque celle-ci a peu de sens, mĂȘme pour des humains Garfinkel, 2002 ! Les ĂȘtres humains devraient eux aussi pouvoir bĂ©nĂ©ficier d’une expĂ©rience diffĂ©rente de la totalitĂ©. Il en va pour les hommes comme pour les fourmis – ou toute autre entitĂ© pour qui, en fonction des profils numĂ©riques disponibles, le principe monadologique peut ĂȘtre appliquĂ©. Aucune de ces entitĂ©s ne tente de rĂ©soudre la question des structures Ă©mergentes, pas plus les fourmis que les autres. Toutes sont activement occupĂ©es Ă  quelque chose de totalement diffĂ©rent puisque chaque monade, par dĂ©finition, possĂšde sa propre vision spĂ©cifique du tout ». Ce qui Ă©tait une connexion fictive pour les fourmis l’est aussi pour les humains. 35Naviguer Ă  travers les profils distincts implique que nous devons tenir compte d’autant de totalitĂ©s qu’il y a d’entitĂ©s, et que nous n’essayons pas de dĂ©finir un lien entre des atomes aveugles et des structures Ă©mergentes. L’approche A-1 devrait livrer une expĂ©rience diffĂ©rente des totalitĂ©s, exactement comme elle change la dĂ©finition de ce qu’est un agent individuel. D’aprĂšs nous, les techniques numĂ©riques rognent les deux extrĂ©mitĂ©s de ce que les thĂ©ories sociales considĂšrent comme leur ancrage indispensable, en donnant ainsi l’occasion d’illustrer d’autres visions de l’ordre social. Et pourtant, il est difficile de se dĂ©faire de l’impression que les Ă©lĂ©ments humains sont vraiment diffĂ©rents et devraient ĂȘtre traitĂ©s diffĂ©remment des autres entitĂ©s. Ils sont en effet diffĂ©rents mais pas nĂ©cessairement pour la raison gĂ©nĂ©ralement avancĂ©e par ceux qui veulent appliquer les mĂ©thodes quantitatives des sciences naturelles aux sociĂ©tĂ©s humaines. Les ĂȘtres humains diffĂšrent car ils sont souvent eux-mĂȘmes pourvus de nombreux instruments pour collecter, compiler, reprĂ©senter ou mĂȘme calculer le tout » dans lequel on dit qu’ils Ă©voluent DesrosiĂšres, 1993. C’est l’aspect essentiel de l’ethnomĂ©thodologie Garfinkel, 2007. C’est un principe important des science studies ainsi que l’argument central de la thĂ©orie de l’acteur-rĂ©seau, selon lequel les instruments pratiques qui permettent Ă  un acteur de voir la sociĂ©tĂ© tout entiĂšre » devraient ĂȘtre pris en compte pour toute expĂ©rience de l’ordre social Law, 2004 ; Latour, 2006. Ce vaste programme de recherches a Ă©tĂ© adoptĂ© en physique Galison, 2003, biologie Landeker, 2007, comptabilitĂ© Power, 1995, Ă©conomie Callon, 1998, ainsi qu’en cartographie Jacob, 1992, gĂ©ographie Glenny et Thrift, 2009 et mĂȘme en sociologie Foucault, 1997. Chaque fois, il est possible de dĂ©montrer que les instruments fournissent une vision Ă  la fois vaste et limitĂ©e de l’ensemble, que nous avons appelĂ©, pour cette raison, oligoptique par opposition Ă  panoptique Latour et Hermant, 1998. C’est lĂ  le type de stigmergie » pertinente pour les acteurs humains. 36L’existence de ces oligoptiques est typique des sociĂ©tĂ©s humaines et justifie que, lorsqu’on rĂ©fĂšre aux associations entre humains, il soit pertinent de parler de totalitĂ©s. NĂ©anmoins, il faut prendre en compte de nombreux types de totalitĂ©s » pour rendre compte de l’étrange obsession des monades humaines pour dĂ©crire leurs propres interactions et pour stabiliser, simplifier et standardiser leurs connexions entrecroisĂ©es voir section 5. Ceci a peu de rapport avec le fait de passer d’un niveau Ă  un autre, comme suggĂ©rĂ© par l’approche A-2. C’est une chose de dire que, contrairement aux agents humains, les fourmis ou oiseaux, cellules, atomes ne bĂ©nĂ©ficient pas de ces technologies intellectuelles » pour construire des ensembles partiels. C’en est une complĂštement diffĂ©rente de prĂ©tendre qu’il existe un second niveau, celui d’un tout » qui serait commun Ă  la fois aux fourmis et aux hommes. Les deux arguments ne dĂ©coulent pas du tout l’un de l’autre. 37Pour saisir ce qui n’en reste pas moins une vĂ©ritable diffĂ©rence entre les sociĂ©tĂ©s d’humains et les autres surtout les collectifs ayant un fort dĂ©veloppement scientifique et technique, disons que les monades sont mieux dĂ©finies par une approche que nous appellerons A-1,5. Par cette expression nous voulons dire que a mĂȘme si chaque monade possĂšde sa propre version du tout, il existe une sĂ©rie d’instruments intellectuels et techniques pour favoriser le chevauchement de diffĂ©rentes dĂ©finitions distinctes de cet ensemble, sans que ces diverses dĂ©finitions parviennent Ă  s’agrĂ©ger suffisamment pour crĂ©er un second niveau qui les unifierait toutes et b que cela explique l’impression qu’il y a plus » dans les actions collectives que ce qui existe dans les atomes individuels. Cette expression d’une approche A-1,5 n’est qu’un moyen de rappeler au lecteur notre thĂšse gĂ©nĂ©rale les deux extrĂ©mitĂ©s auxquelles tant de thĂ©ories sociales se trouvent accrochĂ©es – l’acteur et le systĂšme – ont perdu une grande partie de leur soliditĂ© avec le principe monadologique qui procure une autre expĂ©rience de la navigation Ă  travers les donnĂ©es numĂ©riques. 38La conclusion de cette troisiĂšme section est qu’une autre expĂ©rience d’ ĂȘtre Ă  l’intĂ©rieur d’un tout » devrait ĂȘtre explorĂ©e, qu’elle a peu de rapport avec le fait d’ ĂȘtre la partie » au sein d’une structure », que celle-ci soit pensĂ©e sous la forme d’un super-organisme sui generis ou d’un niveau naviguer Ă  travers le chevauchement des monades39AprĂšs avoir recouru aux outils numĂ©riques pour tester les dĂ©finitions alternatives d’atome, interactions et structures proposĂ©s par Tarde, nous sommes mieux Ă©quipĂ©s pour voir si la notion de chevauchement des monades parvient Ă  nous reprĂ©senter les donnĂ©es de façon cohĂ©rente. Nous affirmons que la plupart des objections levĂ©es contre les approches A-1 et A-1,5 et particuliĂšrement contre le retour imprĂ©vu de Tarde reposent sur un manque d’outils efficaces de visualisation. En leur absence, mĂȘme s’il existe une alternative thĂ©orique Ă  l’approche A-2, celle-ci continue Ă  sembler la seule solution acceptable. Pour montrer qu’il est possible de s’en passer, nous allons recourir Ă  l’exemple des paradigmes scientifiques. Leur Ă©tude bĂ©nĂ©ficie aujourd’hui d’un niveau de qualitĂ© et d’une masse d’informations sans Ă©gal dans d’autres domaines du comportement collectif puisque presque chaque mot Ă©crit par chaque auteur dans chaque publication citĂ©e dans n’importe quel texte postĂ©rieur est accessible en quelques clics sous forme numĂ©rique Grauwin et al., 2009 ; Grauwin, 2011 ; Grauwin, 2012 ; Cointet, 2009. De plus, cet exemple a Ă©tĂ© au cƓur de nombreuses Ă©tudes de sociologie des sciences Merton, 1973 et constitue l’exemple favori de Tarde
 On pourrait mĂȘme prĂ©tendre qu’avant l’avĂšnement des outils numĂ©riques, la littĂ©rature scientifique Ă©tait le seul domaine dans lequel la quantitĂ© et la qualitĂ© des informations Ă©tait semblable Ă  celle qui constitue aujourd’hui la norme pour toutes sortes de profils distincts – une idĂ©e fĂ©conde qui n’a pas Ă©chappĂ© aux fondateurs de Google Brin et Page, 1998. 40Poursuivons notre navigation Ă  travers les profils pour rĂ©pondre Ă  la question suivante Que signifie faire “partie” d’un paradigme P ? » Selon le principe monadologique, le point de dĂ©part a peu d’importance puisque, en partant de n’importe quelle entitĂ©, nous finirons par visiter la liste de tous ses attributs saisie Ă  partir de son point de vue spĂ©cifique nous pouvons commencer par un scientifique, un papier, un mot clĂ©, une institution ou une mĂ©thode expĂ©rimentale, selon notre envie. Commençons, par le cas de l’ auto-organisation » Ă  partir des mots clĂ©s et des citations des articles de ce domaine Grauwin, 2011.Figure 3Mot clĂ© self-organisation » en tant que tout » partielMot clĂ© self-organisation » en tant que tout » partielNote Le mot clĂ© self-organisation » en tant que tout » est le rĂ©sultat de l’intersection d’élĂ©ments qui sont bien plus riches que le mot clĂ© lui-mĂȘme. Pour obtenir cette figure, nous avons employĂ© la mĂȘme procĂ©dure utilisĂ©e dans la figure 1, mais en nous limitant aux 18 articles publiĂ©s en 1991 et laissons de cĂŽtĂ© les rĂ©fĂ©rences des articles. Pour souligner l’idĂ©e d’ intersection », les attributs des trois monades » articles sont montrĂ©s entourĂ©s d’une les images sont disponibles en haute dĂ©finition sur problĂšme, Ă  prĂ©sent, consiste Ă  cartographier autant de touts » qu’il y a de parties, c’est-Ă -dire de monades. Au lieu de diviser le travail entre des atomes, puis des interactions enfin des structures, nous allons dĂ©finir des intersections de monades Ă  chaque fois que les attributs d’une liste se retrouvent dans la liste d’une autre entitĂ© figure 3. Au lieu de suivre la stratĂ©gie de recherches habituelle passer des interactions simples Ă  des structures plus complexes », nous allons la prendre Ă  contre-pied commencer avec des chevauchements complexes de monades et dĂ©finir les quelques caractĂ©ristiques qu’elles partagent ». 42Il est vrai qu’en proposant une telle navigation nous nous Ă©loignons du rĂȘve de simulation et de prĂ©diction pour explorer une nouvelle voie, celle de la description oĂč la valeur ajoutĂ©e n’est plus le pouvoir de prĂ©diction, mais le passage progressif des chevauchements confus Ă  des mises au point successives d’ensembles provisoires. Au lieu d’essayer de simuler et prĂ©dire l’ordre social, nous prĂ©fĂ©rons suivre les traces laissĂ©es par le mouvement des acteurs afin de produire une base de donnĂ©es suffisamment riche Grauwin, 2011. En d’autres termes, l’exploration de donnĂ©es n’est pas le rĂ©sultat d’une pratique scientifique similaire Ă  la simulation au lieu de se demander comment les structures globales Ă©mergent des interactions locales, nous nous proposons d’illustrer un outil de navigation qui guide l’attention de l’observateur depuis des chevauchements confus vers les quelques Ă©lĂ©ments qui voyagent d’une monade Ă  l’autre, un peu Ă  la maniĂšre des normes et des standards dans les systĂšmes techniques Gleenie et Thrift, 2009. 43Avant de se plaindre que tout ceci est trop dĂ©routant, il convient de se rappeler combien il Ă©tait dĂ©routant, au dĂ©but, de devoir dĂ©finir une structure gĂ©nĂ©rale par exemple le paradigme de l’auto-organisation », pour ensuite montrer que la plupart des cas particuliers ne rentrent pas » dans cette structure gĂ©nĂ©rale. Thomas Kuhn, le premier Ă  introduire la notion de paradigme, savait bien Ă  quel point cette notion Ă©tait branlante, et chaque scientifique sait combien il est difficile de dĂ©finir prĂ©cisĂ©ment le domaine dans lequel il ou elle travaille. Est-il possible de rendre justice Ă  une expĂ©rience aussi commune en passant de la prĂ©diction et la simulation Ă  la description et Ă  l’exploration de donnĂ©es ? Notre approche suggĂšre une maniĂšre de naviguer Ă  travers les paysages des donnĂ©es d’un point de vue monadologique, ce qui permettrait de saisir la richesse des associations tout en restant fidĂšle Ă  la complexitĂ© des acteurs. 44C’est lĂ  que la question de visualisation devient si cruciale peut-on concevoir un espace dans lequel des monades idiosyncratiques pourraient ĂȘtre projetĂ©es et qui rĂ©vĂ©lerait ceux de leurs attributs qui se superposent sans crainte de perdre leurs spĂ©cificitĂ©s ? Pour Ă©tudier cette possibilitĂ©, nous devons prendre en compte deux pratiques communes en matiĂšre d’exploitation des donnĂ©es. 45La premiĂšre pratique consiste en ce geste souvent inconscient que nous faisons tous en encerclant une liste de caractĂ©ristiques une forme souvent appelĂ©e patate » ! et dĂ©cidons de considĂ©rer tous ces Ă©lĂ©ments comme plus ou moins similaires » et pouvant partager le mĂȘme nom peu importe ici que ce soit fait en observant simplement ces donnĂ©es en gros ou par le biais de calculs de correspondances extrĂȘmement sophistiquĂ©s. Notre but est de pouvoir tracer un tel cercle sans quitter l’approche A-1 puisque le tout n’est pas la structure Ă  laquelle les Ă©lĂ©ments sont censĂ©s appartenir comme dans l’approche A-2 mais une autre monade tout aussi spĂ©cifique que celles qui la composent » voir la dĂ©finition de Sciences Po » dans la section 1. Le fait de tracer un cercle n’est rien d’autre que la reconnaissance de la limite extĂ©rieure de la monade – dont l’enveloppe, ne l’oublions pas, est dĂ©finie par la liste de tous ses attributs distinctifs – et non pas la dĂ©limitation du rĂŽle » qu’elle jouerait » Ă  l’intĂ©rieur » de la structure ». On pourrait aussi dire que dans une approche A-1, les limites des monades devraient ĂȘtre dĂ©finies par l’extrĂ©mitĂ© provisoire de l’expansion de leur contenu, et non par l’ajout d’une catĂ©gorie venant d’ailleurs. 46La seconde expĂ©rience pratique consiste Ă  noter que de nombreux mouvements peuvent dĂ©sormais s’effectuer Ă  l’ordinateur qu’il n’était pas possible de rĂ©aliser sur papier une caractĂ©ristique qui rend la rĂ©daction d’articles sur le sujet trĂšs dĂ©licate !. La projection de monades qui s’entrecroisent cesse d’ĂȘtre aussi confuse s’il est possible de les faire apparaĂźtre successivement et de montrer comment chacune d’elles contribue au chevauchement voir le film qui s’y rapporte Comme nous l’avons dit plus haut, c’est cette nouvelle capacitĂ© de navigation qui a rendu les deux extrĂ©mitĂ©s usuelles de l’agent individuel » et de la structure » moins pertinentes que la superposition d’acteurs-rĂ©seaux explorĂ©s en succession voir figure 3. 47Si nous prenons en compte l’expĂ©rience de la navigation numĂ©rique, qu’advient-il de la notion de tout » ? Lorsque nous surfons sur un Ă©cran, zoomant en avant ou en arriĂšre, changeant les rĂšgles de projection, compilant et ventilant selon diffĂ©rentes variables, ce qui ressort est ce qui reste constant au travers des changements de perspectives Gibson, 1986. C’est lĂ  notre ensemble » au sens de l’approche A-1. Comme on s’y attendait, sa taille s’est considĂ©rablement rĂ©duite ! Au lieu d’ĂȘtre une structure plus complexe que ses composants distincts, elle est devenue un ensemble plus simple d’attributs dont la composition interne est en perpĂ©tuel changement. Le tout est dĂ©sormais beaucoup plus petit que la somme de ses Ă©lĂ©ments. Faire partie d’un ensemble n’est plus pĂ©nĂ©trer » Ă  l’intĂ©rieur d’une entitĂ© supĂ©rieure ni obĂ©ir » Ă  un mĂ©ta-rĂ©partiteur que ce rĂ©partiteur soit une personne morale, une sociĂ©tĂ© sui generis, ou une structure Ă©mergente. Pour quelque monade que ce soit, c’est partager une part d’elle-mĂȘme avec d’autres monades sans qu’aucune d’elles n’y perde son identitĂ© multiple. 48En rĂ©sumĂ©, nous nous trouvons face Ă  deux idĂ©es contradictoires de ce qu’est l’analyse de phĂ©nomĂšnes collectifs complexes. Dans l’approche A-2, il est possible de construire un modĂšle Ă  condition de commencer par de simples atomes qui interagissent selon des rĂšgles simples, et de tester si une structure stable apparaĂźt au final. Dans l’approche A-1, on commence, au contraire, par des acteurs-rĂ©seaux extrĂȘmement complexes qui n’ interagissent » pas vraiment, mais qui se superposent plutĂŽt l’un l’autre. Ensuite, on extrait de ces superpositions les attributs que certains partagent. Si les techniques de navigation que nous proposons fonctionnent – et c’est un trĂšs grand si » – nous serons parvenus Ă  cartographier un phĂ©nomĂšne collectif sans jamais tenir compte ni des composants individuels ni de la structure. Dans ce cas-lĂ , nous aurons justifiĂ© le concept que Tarde ne pouvait dĂ©montrer du fait de l’absence de donnĂ©es numĂ©riques disponibles
Apprendre Ă  visualiser des totalitĂ©s partielles »49Que signifie suivre un phĂ©nomĂšne collectif dans une procĂ©dure de navigation conforme Ă  l’approche A-1 ? Quand un observateur transforme rapidement un point sur lequel il clique en une monade pleinement dĂ©finie par la liste de ses attributs, il a dĂ©jĂ  Ă  faire avec un phĂ©nomĂšne collectif mais pas au sens que le mot collectif possĂšde dans l’approche A-2. L’observateur en effet collecte des articles successifs et les encercle dans ce qui est devenu le nom propre d’une monade spĂ©cifique. Dans ce cas, il a bien Ă  faire avec un collectif de type A-1, ou mieux, Ă  une activitĂ© de collecte cette activitĂ©, c’est cette monade qui regroupe, assemble, spĂ©cifie, saisie, englobe, enveloppe ces attributs d’une façon unique. 50Donc, alors que dans l’approche A-2, certains Ă©lĂ©ments sont destinĂ©s Ă  jouer le rĂŽle de parties » tandis que d’autres sont appelĂ©s des touts », dans l’approche A-1, nous ne tenons compte d’aucune diffĂ©rence de dimension entre les entitĂ©s. Dans l’exemple ci-dessus, on peut suivre n’importe quel fil comme point de dĂ©part pour dĂ©finir un paradigme un chercheur, un papier, une universitĂ©, un concept ou un mot clĂ©. Chacun d’eux est autant une partie » qu’un tout », c’est-Ă -dire une monade ou un acteur-rĂ©seau. En d’autres termes, chaque entitĂ© peut avoir son propre curriculum vitae, ou sa propre trajectoire au travers des attributs successifs. 51Le fait que, dans une approche A-1 toutes les entitĂ©s ont le mĂȘme statut ne signifie pas qu’elles soient identiques. Il est frĂ©quent, lorsqu’on surfe Ă  travers des fichiers de donnĂ©es, de rencontrer plus souvent certaines entitĂ©s que d’autres. Par exemple, dans la section 1, nous avons dit que Sciences Po » entrait dans le profil ou le curriculum vitae d’ HervĂ© C. ». Selon nos donnĂ©es, cependant, nous voyons que cet attribut apparaĂźt aussi dans les profils de Dominique B. » et Pierre-AndrĂ© R. », etc. Nous savons que cette rĂ©pĂ©tition ne signifie pas que c’est une structure » dont ces trois chercheurs seraient simplement membres, mĂȘme s’il est tentant de raccourcir cette liste en Ă©nonçant les faits de cette maniĂšre, et donc en retombant dans l’approche A-2. Ce que nous voulons, c’est demeurer tout au long dans les approches A-1 ou A-1,5. 52Pour comprendre pourquoi nous devons rĂ©sister Ă  la tentation de raccourcir les sĂ©ries de rĂ©pĂ©titions en les traitant comme des structures Ă©mergentes, il faut considĂ©rer que chaque fois que Sciences-Po » apparaĂźt dans le profil d’une autre monade, il est rĂ©pĂ©tĂ© avec des variations. Comme nous l’avons dit dans la section 1, chaque fois qu’une entitĂ© est associĂ©e Ă  une nouvelle monade, l’entitĂ© se distingue par le biais des associations prĂ©cĂ©dentes regroupĂ©es par cette monade. Le Sciences Po » d’ HervĂ© C. » est autant modifiĂ©e par le fait d’ĂȘtre le Sciences Po t » de Dominique B. ». Par consĂ©quent, nous avons Ă  prĂ©sent un nouveau fichier composĂ© de la rĂ©pĂ©tition des mĂȘmes caractĂ©ristiques plus les variations qu’elles ont subies dans chacune des monades qui le composent. Un tel fichier est ce que les spĂ©cialistes des sciences sociales appellent une institution », une organisation », ou, plus simplement, un groupe ». 53Ce nouveau point doit ĂȘtre abordĂ© avec de grandes prĂ©cautions car, dans l’approche A-2, il a Ă©tĂ© confondu avec celui de la structure considĂ©rĂ© comme une entitĂ© d’un niveau supĂ©rieur, apparue mystĂ©rieusement suite Ă  des interactions au niveau infĂ©rieur. Émergeant Ă  un autre niveau, les structures sont dites indĂ©pendantes des interactions qui les ont créées et pourtant capables de leur envoyer des ordres, de dĂ©finir des fonctions, d’attribuer des rĂŽles aux Ă©lĂ©ments » Ă  la maniĂšre d’un mĂ©ta-rĂ©partiteur. C’est cette confusion qui a créé l’idĂ©e d’une personne morale » dont les humains ne seraient que de simples membres » provisoires. Plus d’un discours Ă©mouvant a Ă©tĂ© prononcĂ© par des responsables sur le contraste entre, par exemple, la structure durable » de l’universitĂ© et le rapide renouvellement de ses occupants Ă©phĂ©mĂšres et passagers – une approche A-2 par excellence
 54Dans l’approche A-1, les institutions ne ressemblent en rien aux structures, elles sont juste une certaine trajectoire Ă  travers les donnĂ©es, trajectoire qui dĂ©bute Ă  un point d’entrĂ©e diffĂ©rent de la base de donnĂ©es au lieu de demander quelles institutions apparaissent dans le profil d’un individu donnĂ©, nous demandons quels individus apparaissent dans le profil d’une institution. C’est la mĂȘme matrice mais pas la mĂȘme navigation les totalitĂ©s » ne sont rien de plus que d’autres moyens de traiter les profils entrecroisĂ©s. C’est ce type de navigation auquel Tarde a donnĂ© le nom ambigu d’ imitation » et ce type de dissĂ©mination qu’il a appelĂ© rayons imitatifs » Tarde, 1903 ; Sperber, 1996. Si nous avons raison, l’ imitation » pour lui n’est pas avant tout un phĂ©nomĂšne psychologique, mais la prise de conscience que les monades partagent des caractĂ©ristiques modifiĂ©es par chaque partage, et dont le rĂ©sultat est une liste composĂ©e du mĂȘme » Ă©lĂ©ment rĂ©pĂ©tĂ© diffĂ©remment Deleuze, 1968. 55Il n’y a donc pas de distinction notable, rĂ©elle, ontologique entre les concepts d’individus, de groupes ou d’institutions. La seule diffĂ©rence dans ce que nous appelons institutions est la monade qui revient le plus souvent dans la base de donnĂ©es – et sa dĂ©tection est empirique dĂ©pendant entiĂšrement de la qualitĂ© de la base de donnĂ©es. Dans l’exemple que nous avons utilisĂ© au dĂ©but de ce papier, la seule chose qui distingue Sciences Po » d’ HervĂ© C. » est le fait que la premiĂšre pourrait apparaĂźtre plus frĂ©quemment que le second
 Si dans le fichier de donnĂ©es, un Ă©lĂ©ment est citĂ© plus souvent, alors c’est une organisation, c’est-Ă -dire ce qui est distribuĂ© au travers d’une multiplicitĂ© de monades sans ĂȘtre elle-mĂȘme plus complexe qu’aucune d’elles – un peu Ă  la maniĂšre d’une norme ou d’un standard. Si HervĂ© C. Ă©tait citĂ© plus souvent que son Ă©cole, il serait cette institution
 56Si cette diffĂ©rence purement quantitative paraĂźt trop radicale, c’est que nous tirons la trĂšs simple consĂ©quence que tous les termes comme organisations » ou participants » comme tous les autres termes que nous avons utilisĂ©s dans ce papier – Ă©lĂ©ments », ensembles », individus », structure », membres », monades » – ne sont que des moyens de naviguer dans les donnĂ©es. Distinguer, collecter, regrouper, et coordonner sont autant de pistes laissĂ©es par les moteurs de recherche Ă  travers les profils constituĂ©s d’attributs rĂ©sumĂ©s par des noms servant de raccourcis. Comme Tarde l’a si remarquablement dĂ©crit, tous ces termes canoniques de la thĂ©orie sociale Ă©tant simplement l’enregistrement de diffĂ©rences quantitatives dans l’étendue relative des attributs Tarde, 1903 ; Latour, 2010. 57Cette dĂ©finition de ce que c’est qu’un groupe ou une association pourrait rĂ©soudre un problĂšme Ă©pineux qui a grandement empĂȘchĂ© que l’on se concentre sur le principal phĂ©nomĂšne du social – et pourrait aussi aider Ă  visualiser l’approche A-1. Les thĂ©ories venues de l’approche A-2 reposent souvent sur l’idĂ©e contradictoire que le niveau macro est composĂ© d’entitĂ©s virtuelles mais stables tandis que le niveau micro est composĂ© d’entitĂ©s rĂ©elles mais transitoires. Paradoxalement, on considĂšre que le plus durable existe virtuellement, tandis que ce qui existe vraiment » semble temporaire
 Ce type de dĂ©finition Ă©trange explique le mystĂšre entourant les phĂ©nomĂšnes collectifs, qu’il s’agisse des cellules d’un corps Riboli-Sasco, 2010, des fourmis d’une fourmiliĂšre ou d’acteurs d’une sociĂ©tĂ© Karsenti, 2006. 58Dans l’approche A-1, au contraire, il n’y a aucune ambiguĂŻtĂ© concernant le fait que les profils qui durent sont composĂ©s d’attributs qui ne durent pas Debaise, 2008. Si ce processus paraĂźt mystĂ©rieux, c’est seulement parce que nous nous trompons sur la diffĂ©rence qu’il s’agit expliquer nous croyons qu’il s’agit d’expliquer celle entre le virtuel et le rĂ©el, le macro et le micro, le gĂ©nĂ©ral et le particulier, alors qu’il faut dĂ©tecter la diffĂ©rence entre ce qui est transmis d’une monade Ă  l’autre, d’une part, et, d’autre part, la lĂ©gĂšre transformation subie par ce qui est transmis. Si Sciences Po » perdure, ce n’est pas parce qu’elle est supĂ©rieure ni mĂȘme diffĂ©rente des monades qui la composent. C’est parce qu’elle est rĂ©pĂ©tĂ©e avec des variations d’une monade Ă  l’autre suffisamment rĂ©pĂ©tĂ©e pour ĂȘtre identifiĂ©e comme Ă©tant la mĂȘme ; suffisamment variĂ©e pour ĂȘtre transposĂ©e plus loin dans le temps et l’espace. Loin d’exister Ă  un niveau supĂ©rieur et virtuel, ce que nous appelons institutions », organisations » ou groupes » n’est que l’effort des monades pour rendre certaines de leurs caractĂ©ristiques suffisamment flexibles pour ĂȘtre traduites par de nombreuses autres monades, et en mĂȘme temps s’avĂ©rer suffisamment stables pour ĂȘtre reconnues comme leurs transformations figure 4 a et b. Le travail nĂ©cessaire pour dĂ©finir les frontiĂšres d’une entitĂ© et lui assigner un nom propre fait partie de cet effort, de mĂȘme que le travail de prĂ©servation de la continuitĂ© de ces noms et de ces 4 a et bÉvolution progressive du tout » dĂ©fini par le mot clĂ© self-organisation » de 1990 Ă  2009Évolution progressive du tout » dĂ©fini par le mot clĂ© self-organisation » de 1990 Ă  2009Note a Pour chaque tranche de cinq ans, nous avons choisi les dix auteurs les plus productifs et les dix rĂ©fĂ©rences et mots clĂ©s les plus utilisĂ©s. Les auteurs, mots clĂ©s ou rĂ©fĂ©rences sont reliĂ©s Ă  la tranche de cinq ans dans laquelle ils apparaissent. La figure montre que, bien que la plupart des entitĂ©s auteurs, mots clĂ©s ou rĂ©fĂ©rences changent avec le temps, chaque tranche hĂ©rite quelque chose de son prĂ©dĂ©cesseur. Par exemple, dans les annĂ©es 1990, les scientifiques connectaient leur dĂ©finition d’auto-assemblage Ă  travers les neural networks », tandis que dans les annĂ©es 2000, growth » et nanostructures » deviennent un lien plus opĂ©ration est totalement rĂ©versible, comme montrĂ© dans la figure 4 b qui prend l’exemple de l’auteur J. M. Lehn un prix Nobel en chimie. En procĂ©dant exactement de la mĂȘme maniĂšre que dans la figure 4 a, nous montrons que, tandis que J. M. Lehn reste liĂ© au fil des annĂ©es Ă  Supramolecular Chemistry » et Complexes », ses collaborateurs ont changĂ©. Il en va de mĂȘme pour ses principaux centres d’intĂ©rĂȘts, passant de Double Helix » et Ligands » dans les annĂ©es 1990 Ă  self-assembly » dans les annĂ©es deux figures montrent aussi que la flĂšche du temps n’est pas forcĂ©ment linĂ©aire ce qui se traduirait dans une suite linĂ©aire des cercles rouges, mais plutĂŽt circulaire, car plusieurs Ă©lĂ©ments reviennent au fil des ans, produisant une attraction entre la premiĂšre tranche de cinq ans et la les images sont disponibles en haute dĂ©finition sur fois de plus, nous devons comprendre qu’encercler un ensemble de caractĂ©ristiques ne signifie pas qu’une structure prend le dessus, mais simplement que la limite de la monade a Ă©tĂ© atteinte et soulignĂ©e. À l’intĂ©rieur de ce cercle, tout pourrait changer avec le temps par exemple, le domaine de l’ auto-organisation » Ă  l’instant zĂ©ro peut ĂȘtre constituĂ© de mots clĂ©s, d’auteurs et des concepts A, B, C, puis, aprĂšs quelques rĂ©pliques, il pourrait se transformer pour inclure X, Y, et Z. Chaque article composant les profils successifs d’ auto-organisation » pourrait changer, de mĂȘme que le nom ce que nous appelons aujourd’hui auto-organisation » Ă©tait quelque chose d’entiĂšrement diffĂ©rent il y a quelques dĂ©cennies. Ce qui compte, c’est que le changement soit suffisamment progressif pour prĂ©server la continuitĂ©. Tout peut changer, mais pas d’un seul coup. Nous ne devons pas avoir Ă  dire et pourtant, c’est le mĂȘme paradigme de l’auto-organisation » comme si, par ces changements, quelque chose, la structure, Ă©tait restĂ© identique mĂȘme virtuellement. Nous devrions dire regardez, au contraire, comme il est diffĂ©rent ; mais grĂące Ă  la maniĂšre dont les participants ont imbriquĂ© leurs dĂ©finitions, chaque modification a hĂ©ritĂ© quelque chose de son prĂ©dĂ©cesseur au travers d’un canal qui peut ĂȘtre dĂ©fini en cliquant sur le profil de ce participant ». Encore une fois, une navigation diffĂ©rente gĂ©nĂšre une dĂ©finition diffĂ©rente de ce qui est collectif, c’est-Ă -dire une entitĂ© collectĂ©e. Au sens strict du terme, nous ne devrions plus parler de phĂ©nomĂšnes collectifs par opposition Ă  des phĂ©nomĂšnes individuels, mais seulement d’autant de façons diffĂ©rentes de collecter des cet article, nous avons saisi l’occasion offerte par la soudaine prolifĂ©ration de bases de donnĂ©es numĂ©riques pour revisiter l’ancienne thĂ©orie sociale proposĂ©e par Gabriel Tarde, avant que soient disponibles un grand nombre d’outils statistiques et avant le retranchement de bien des thĂ©ories sociales dans l’approche A-2. C’est parce que ces bases de donnĂ©es rĂ©pandent l’expĂ©rience de dĂ©finir un acteur susceptible par le rĂ©seau de ses attributs qu’il existe une chance d’échapper Ă  la distinction individu/structure. Les monades dissolvent le dilemme, et redĂ©finissent la notion de totalitĂ© en la resituant comme Ă©tant l’hĂ©ritage rĂ©ciproque des entitĂ©s qui s’entrecroisent. 61Nous sommes bien conscients que ces bases de donnĂ©es sont pleines de dĂ©fauts, qu’elles incarnent elles-mĂȘmes une dĂ©finition plutĂŽt grossiĂšre de la sociĂ©tĂ©, qu’elles sont marquĂ©es par de fortes asymĂ©tries de pouvoir, et surtout, qu’elles ne caractĂ©risent qu’un instant Ă©phĂ©mĂšre dans la traçabilitĂ© des liens sociaux. Nous sommes aussi douloureusement conscients des contraintes sĂ©vĂšres de l’analyse des rĂ©seaux et des limites des outils de visualisation disponibles aujourd’hui. Mais il serait dommage de manquer cette occasion d’explorer une alternative aussi fondamentale qui pourrait ainsi attirer les sciences sociales sur le terrain empirique et quantitatif, sans renoncer pour autant Ă  se focaliser sur les particularitĂ©s. Notes [1] Cet article est une traduction modifiĂ©e de How Digital Navigation May Modify Social Theory » avec Pablo Jensen, Tommaso Venturini, Sebastian Grauwin et Dominique Boullier, British Journal of Sociology, 63, 4, 2012, pp. 591-615.
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Le sort de la planĂšte vous inquiĂšte. Vous n’ĂȘtes pas seule. Le phĂ©nomĂšne d’éco-anxiĂ©tĂ© fait de plus en plus parler. On comprend bien pourquoi. C’est l’avenir de tous qui est en jeu, particuliĂšrement celui des jeunes. Vous achetez en vrac, prenez les transports en commun, frĂ©quentez les friperies, traĂźnez votre bouteille d’eau mais vous aimeriez voir les gouvernements agir tout comme vous le faites. Parce que vous savez pertinent bien que, malgrĂ© que tous vos gestes soient entiĂšrement louables, ça prend des mesures beaucoup plus grandes pour freiner le rĂ©chauffement climatique. La solution ? Se rassembler, s’unir, faire front commun. Parce que c’est vrai dans tous les aspects de nos vies 1 + 1 = 3 . C’est-Ă -dire qu’en gang on est plus fort, on a plus de poids pour faire changer les choses. C’est faux de penser que le citoyen n’a aucun pouvoir. C’EST LUI QUI DÉTIENT LE PLUS GRAND POUVOIR quand il dĂ©cide parce que c’est un choix d’unir sa voix Ă  celle des autres. Mon conjoint, moi avons participĂ© Ă  5 grandes marches pour la planĂšte qui ont eu lieu Ă  l’automne 2018 Ă  MontrĂ©al, de mĂȘme qu’à la grĂšve mondiale pour le climat du 15 mars dernier. L’ambiance qu’on y retrouve est magique. Des gens de toutes les nationalitĂ©s, de tous les Ăąges, des familles, des amis, des collĂšgues, brefs des ĂȘtres humains qui militent tous pour la mĂȘme cause. Banderoles, pancartes, flĂ»tes, tambours, slogans, etc.., dans une ambiance amicale. On fait du bruit pour rĂ©veiller les Ă©lus, tous paliers de gouvernement confondus. Et d’une marche Ă  l’autre le noyau grossit. A la marche de la grĂšve du 15 mars dernier Ă  MontrĂ©al nous Ă©tions plusieurs dizaines de milliers de personnes. Le 27 avril il faut que ce soit encore plus. Inscrivez-le tout de suite Ă  votre agenda, venez avec votre famille, vos amis, vos collĂšgues de travail, peu importe mais venez. La planĂšte compte sur vous. Trois points de dĂ©part – Place des Festivals, au coin des rues Sainte-Catherine et Jeanne-Mance MĂ©tro Place-des-Arts – Parc Laurier, au coin des rues Christophe-Colomb et Laurier MĂ©tro Laurier – Parc Lafontaine, au coin de la rue Rachel et de l’avenue du Parc Lafontaine MĂ©tro Mont-Royal La grande finale aura lieu sur le Mont-Royal.

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Il s'agit vĂ©ritablement d'une [...] situation oĂč l'on dit que le tout est plus grand que la somme de ses parties, et notre confĂ©rence l'a [...]clairement [...]dĂ©montrĂ©, en prĂ©sentant diverses initiatives conjointes, et j'aimerais maintenant vous parler de quelques-unes d'entre elles. It really is a situation where the whole is greater than the sum of its parts, and that became clear [...]at our conference, where [...]we heard about various joint initiatives, and I would like to tell you about some of them. Enfin, la mise sur pied de centres rĂ©gionaux des opĂ©rations interarmĂ©es CROI a permis de placer du personnel hautement qualifiĂ© dans l' œil de la tempĂȘte d'information » pour scruter l'horizon incertain des donnĂ©es Ă  la recherche de la moindre lueur de renseignement [...] numĂ©rique et assembler les divers Ă©lĂ©ments dans [...] l'espoir que le tout ainsi obtenu soit plus grand que la somme de ses parties. Finally, the creation of Regional Joint Operation Centres RJOC has placed highly skilled personnel in the 'eye of the information storm,' earnestly searching the unsettled data horizon for glimmers of [...] digital intelligence, and fusing individual [...] bits in hopes that the assembled whole will be greater than the sum of its parts. Le chaos et la complexitĂ© rĂ©cemment dĂ©signĂ©s par certains scientifiques et [...] philosophes comme chaoplexitĂ© [...] » suggĂšrent cependant qu'un tout est plus grand que la somme de ses parties - que les relations entre les parties doivent [...]ĂȘtre incluses dans notre comprĂ©hension. What chaos and complexity recently articulated by some [...] scientist/philosophers as [...] chaoplexity is that the whole is greater than the sum of its parts - that relationships between parts must be included [...]in our understanding. Chaque recommandation est indispensable pour faire [...] du systĂšme un tout plus grand que la somme de ses parties, et non plus petit, comme cela a parfois Ă©tĂ© le cas. Each is individually vital to make the system greater than the sum of its parts, not smaller as has sometimes been the case. C'est lĂ  une chose peut-ĂȘtre plus fondamentale dans son ensemble que la somme de ses diffĂ©rentes parties. That is something perhaps more fundamental in its totality than the sum of all its individual parts. La valeur ajoutĂ©e [...] d'une telle approche est de considĂ©rer que le tout vaut plus que la somme de ses diffĂ©rentes composantes. The added value of an integrated approach is that the whole is more than the sum of its parts. C'est comme les piĂšces d'un puzzle qui, une fois assemblĂ©es, donnent une image plus grande que la somme de ses parties. It is like the pieces of a jigsaw fitting together and the final picture being greater than the sum of its parts. Cela crĂ©e au Canada des synergies qui font en sorte [...] que notre pays est bien plus que la somme de ses parties. That provides synergies in Canada, [...] which allow Canada to be better than the sum of its parts. Il faut donc [...] examiner cela de plus prĂšs au lieu de simplement postuler que le tout n'est rien d'autre que la somme des parties. So we really need to look carefully at that before just assuming that the whole is more than the sum of its parts. R. Lorsque j'ai joint le Partenariat l'automne dernier, mon premier objectif Ă©tait de comprendre pleinement ce [...] qui se passait, de [...] regarder toutes les piĂšces du casse-tĂȘte et de me demander Y a-t-il un tout ici qui soit plus grand que la somme de ses parties? A. When I joined the Partnership last fall, my first goal [...] was to really [...] understand what was going on, to look at all the puzzle pieces and ask, 'Is there a whole here that is greater than the sum of its parts? Je veux dire par lĂ  que le tout est davantage que la somme de ses parties et qu'en modifiant [...]l'une quelconque d'entre elles [...]on transforme le "tout", c'est-Ă -dire l'institution dans sa globalitĂ©. The whole is more than the sum of its parts, and if any part is modified the [...]entire institution, the 'whole', changes. Ce plan consolidĂ© [...] dĂ©montre que notre tout est supĂ©rieur Ă  la somme de nos parties et que le travail collaboratif [...]de toutes les divisions crĂ©e une valeur [...]supplĂ©mentaire pour l'organisme. This consolidated strategic plan [...] recognizes that we are more than the sum of our parts and that all areas working [...]together create additional value for the enterprise. Le personnel a une attitude positive et optimiste; il a comme devise le tout est plus grand que la somme des parties ». The attitude [...] among staff is a positive and optimistic one, with a motto of "the whole is greater than the sum of its parts. L'ensemble est donc bien plus grand que la somme de ses parties. Thus, the total is more than the sum of the parts. Si les intervenants en promotion de la santĂ© et en prĂ©vention des maladies travaillaient ensemble, ils formeraient un tout beaucoup plus productif que la somme de ses parties. Working together in health promotion and disease prevention, the whole could be so much greater than the sum of the parts," he adds. L'ensemble est meilleur que la somme de ses deux parties. The whole is better than the sum of its two parts. Analyse Pour estimer la valeur d'un bien non marchand dans sa globalitĂ©, par [...] opposition Ă  la variation d'un [...] seul de ses attributs, il faut supposer que la valeur du tout est Ă©gale Ă  la somme de ses parties. Discussion In order to estimate the value of a non-market good in its entirety, as distinct from a [...] change in one of its [...] attributes, it is necessary to assume that the value of the whole is equal to the sum of its parts. S'il est vrai qu'un [...] organisme est plus fort que la somme de ses parties, il est Ă©galement vrai que l'association est grandie par les rĂ©alisations [...]de ses partenaires. While it's true that a strong organization is greater than the sum of its parts, the association is enhanced by the capacity and [...]capability of its partners. Le portail et donc la [...] Commission qui le gĂšre jouera un rĂŽle important et apportera une valeur ajoutĂ©e Ă  la facilitĂ© de recherche de donnĂ©es autrement dit, l'ensemble est plus que la simple somme de ses parties. The portal and therefore the [...] Commission managing it will play an important role and provide an added value to the easiness of finding the data in other words, the whole is more than the mere sum of the parts composing it. Toute ville est bien davantage que la somme de ses parties et ce qui caractĂ©rise le fait urbain, c'est prĂ©cisĂ©ment l'interdĂ©pendance [...]des activitĂ©s, des acteurs [...]et des processus, sociaux, Ă©conomiques et culturels. A town is much more than the sum of its parts, and what characterises the condition of being urban is, in actual fact, the interdependence [...]between its activities, [...]players and processes, whether they are of a social, economic or cultural nature. Les chercheurs ont dĂ©jĂ  fait une dĂ©couverte intĂ©ressante au sujet des huiles [...] essentielles le tout est plus important que la somme des parties. Scientists have already made an interesting discovery [...] about essential oils - the whole is greater than the sum of the parts. Vous serez surpris [...] d'apprendre que les thĂ©ories de l'Ă©mergence prennent appui sur le supposĂ© que le tout est supĂ©rieur Ă  la somme des parties. You may be [...] surprised to learn that emergence theories are based in quantum physics - the whole is more than the sum of its parts. Lieux de culture et d'Ă©change, les Centres culturels de rencontre ont pour vocation de lier la dĂ©marche locale et le plus vaste horizon, d'explorer les diffĂ©rences comme des [...] richesses, de [...] travailler en rĂ©seau, de faire circuler les hommes et les idĂ©es, afin que le tout soit bien plus que la somme des parties », comme l'a [...]si bien Ă©crit Jacques Rigaud. As places for cultural exchange, the aim of these centres is "to associate local processes with a vaster horizon, to explore [...] differences as blessings, to work as a network, [...] to circulate and to exchange ideas, so that the entity be more than the sum of all its parts," as described by Jacques Rigaud. Comme le signalait [...] derniĂšrement le directeur gĂ©nĂ©ral sortant de l'Institut du Dominion, Rudyard Griffiths, si nous n'arrivons pas Ă  relever ce dĂ©fi, nous risquons de perdre quelque chose qui aura des rĂ©percussions pour tous notre capacitĂ© d'imaginer ce que veut dire l'appartenance Ă  une nation qui est beaucoup plus grande que la somme de ses If we are unable to respond to this issue, as the outgoing executive director of the Dominion Institute, Rudyard Griffiths, recently stated, "we stand to lose something that will affect all of us the ability to imagine what it means to belong to a nation that is greater than the sum of its parts.

septembre 2022 sam17sep16h00 16h0017sep16h00 16h00

Pour ce 59e numĂ©ro, nous avons eu l’immense privilĂšge d’échanger avec l’une des personnalitĂ©s les plus inspirantes qui soit. Bertrand Piccard fait aujourd’hui partie de ces lĂ©gendes qui ont façonnĂ© le monde de l’exploration et qui se battent sans relĂąche pour repousser un peu plus loin les limites humaines. Premier homme Ă  rĂ©aliser le tour du monde en ballon sans escale puis en avion solaire sans carburant, il est dĂ©sormais engagĂ© dans un dĂ©fi bien plus immense encore celui de tout mettre en Ɠuvre pour concilier Ă©cologie et dĂ©veloppement des Nations Unies pour l’Environnement et conseiller spĂ©cial auprĂšs de la Commission europĂ©enne, via sa Fondation Solar Impulse, il cherche Ă  promouvoir des solutions durables et Ă©conomiquement rentables nous permettant d’ĂȘtre Ă  la fois plus responsables vis-Ă -vis de l’environnement tout en assurant des retombĂ©es Ă©conomiques. Cette croissance qualitative », comme il la nomme, est selon lui la seule issue possible pour l’avenir de l’humanitĂ©, sans quoi cette derniĂšre devra faire face Ă  de trĂšs grandes catastrophes. Chaque voie est unique et notre devoir est de cultiver les diffĂ©rences. Loin d’ĂȘtre resignĂ© et malgrĂ© un regard parfois dĂ©sabusĂ© sur l’Homme l’ĂȘtre humain a peur de l’inconnu et du changement » et ceux qui le dirigent il est important que les gouvernements prennent leurs responsabilitĂ©s », l’aventurier suisse aimerait que nous comprenions une fois pour toute que la transition Ă©cologique est en rĂ©alitĂ© un avantage Ă©conomique ». Et qu’on change pour de bon le narratif Ă©cologique » en une action enthousiasmante ». Avec, en premier lieu, les Ă©tudiants, leur rappelant que nous sommes face Ă  des dĂ©fis extraordinaires et qu’on a besoin d’eux », en particulier les ingĂ©nieurs. Cette pĂ©nurie, nous en avons pleine conscience au sein du Groupe et chaque annĂ©e, nous avons justement le plaisir d’y rĂ©pondre en formant de nouveaux diplĂŽmĂ©s issus de nos quatre Ă©coles d’ingĂ©nieurs ESME, EPITA, IPSA et Sup’Biotech. Ceux de la promotion 2021 Ă©taient justement rĂ©unis, au mĂȘme titre que les diplĂŽmĂ©s de l’ensemble de nos Ă©coles, au Palais des CongrĂšs de Paris pour une cĂ©rĂ©monie de remise des titres exceptionnelle. Un moment unique qui, chaque fois, nous rappelle combien nous avons le privilĂšge de pouvoir transmettre les meilleures armes Ă  tant de jeunes potentiels afin de les voir s’épanouir. Comme le rappelle Bertrand Piccard, si on choisit bien sa voie, il n’y a pas de souci Ă  se faire pour trouver un emploi ». C’est prĂ©cisĂ©ment l’une de nos responsabilitĂ©s chaque voie est unique et notre devoir est de cultiver les diffĂ©rences qui font que le tout est toujours plus grand que la somme des lecture !Marc Drillech, directeur gĂ©nĂ©ral de IONIS Education Group
LĂ©mergence est un concept philosophique formalisĂ© au XIX e siĂšcle et qui peut ĂȘtre grossiĂšrement rĂ©sumĂ© par l'adage : « le tout est plus que la somme des parties ». Il s'oppose au rĂ©ductionnisme comme aux doctrines dualistes (dualisme ou vitalisme).. Une propriĂ©tĂ© peut ĂȘtre qualifiĂ©e d’émergente si elle « dĂ©coule » de propriĂ©tĂ©s plus fondamentales tout en

Un des intuitions les plus courantes associÂŽees `a la dÂŽefinition de l’®emergence est que le tout peut ˆetre supÂŽerieur `a la somme de ses parties. Un grand nombre de travaux sur l’®emergence ont cherchÂŽe `a donner un sens plus prÂŽecis `a cette intuition. Searle Searle [Sea92, page 111] diffÂŽerencie deux niveaux d’®emergence. Ces deux niveaux sont principalement distinguÂŽes par les termes de composition10 et d’interaction “Suppose we have a system, S, made up of elements a,b,c . . . For example, S might be a stone and the elements might be mo-lecules. In general, there will be features of S that are not, or not necessarily, features of a,b,c . . . [...] Let us call such features system features. [...] Some system features can be deduced or figured out or calculated from the features of a,b,c . . . just the way these are composed and arranged [...] But some other system features cannot be figured out just from the composition of the elements and environmental relations ; they have to be explained in terms of the causal interactions among the elements. Let’s call thesecausally emergent system features. [...] On these definitions, consciousness is a causally emergent property of systems. [...] 10 le sens de composition correspond au lien entre un syst`eme et ses composants, mais pas au sens de la composÂŽee de deux fonctions This conception of causal emergence, call itemergent1, has to be distinguished from a much more adventurous conception, call it emergent 2. A feature is emergent 2 iff F is emergent 1 and F has causal powers that cannot be explained by the causal interactions of a,b,c . . . ” Searle distingue 1. Une caractÂŽeristique est dite “du syst`eme” si elle ne caractÂŽerise aucun ÂŽelÂŽement isolÂŽe du syst`eme. 2. Une caractÂŽeristique du syst`eme est ÂŽemergente 1 si sa rÂŽeduction nÂŽecessite de prendre en compte les interactions et pas seulement les compositions. 3. Une caractÂŽeristique du syst`eme est ÂŽemergente 2 si elle est ÂŽemergente 1 et qu’elle n’est pas non plus rÂŽeductible en tenant compte des inter-actions entre les parties. Corning Corning [Cor02, page 9] propose de dÂŽefinir l’®emergence `a partir de la notion desynergie. Il s’agit du cas o`u “the combined cooperative effects that are produced by two or more particles, elements, parts or organisms – effects that are not otherwise attainable” On peut alors dire que le tout estdiffÂŽerent de la somme des parties sans lui ˆetresupÂŽerieur. On retrouve l’idÂŽee d’interactions entre les parties. L’®emergence est alors considÂŽerÂŽee comme le sous-ensemble des effets sy-nergiques qui montre une nouveautÂŽe qualitative. Il dÂŽecrit cette situation comme celle o`u les parties s’adaptent pour constituer un tout, fait de parties diffÂŽerentes. L’article concernant “synergy” dans le “New Oxford American Dictio-nary” [McK05] donne la dÂŽefinition suivante “the interaction or cooperation of two or more organizations, substances, or other agents to produce a combined effect greater than the sum of their separate effects” Un exemple donnÂŽe par Corning est celui d’une voiture, constituÂŽee de toutes ses pi`eces. SÂŽeparÂŽees, elles ne font rien, une fois assemblÂŽees elles donnent lieu `a une synergie, c’est `a dire un vÂŽehicule roulant. Cet exemple sert `a montrer que cette organisation n’a pas `a ˆetre auto-organisation pour Voyelles Dans le cadre de la visionVoyelles des syst`emes multi-agent [Dem95], le syst`eme est dÂŽecomposÂŽe en 4 composantes Agents, Environnement, Inter-actions et Organisations. Dans la description habituelle de ce mod`ele, trois principes sont construits sur ces composantes. SM A=A+E+I+O SM A=A Le dernier principe dÂŽecrit le rÂŽesultat du syst`eme en dÂŽefinissant l’®emergence comme un ÂŽelÂŽement rendant cette description non linÂŽeaire11. FSM A =FA +FE +FI +FO +emergence Il s’agit ici de l’affirmation de la possibilitÂŽe d’une supÂŽerioritÂŽe de la fonc-tion du tout sur les foncfonc-tions des diffÂŽerentes entitÂŽes le composant. Toutefois, il ne s’agit que d’une description de haut niveau des syst`emes multi-agent qui ne garantit pas qu’un mod`ele correspondant `a la vue en Voyelles puisse exhiber cette propriÂŽetÂŽe. AMAS/ADELFE Une autre proposition que nous classons dans cette partie est celle de la mÂŽethodologie ADELFE. Cette mÂŽethodologie a pour objectif d’aborder le dÂŽeveloppement de SMA `a fonctionnalitÂŽe ÂŽemergente. Le postulat sur lequel se fondent la thÂŽeorie et la mÂŽethodologie est qu’un syst`eme fonctionnellement adÂŽequat est un syst`eme dans lequel les situations de non coopÂŽeration sont ÂŽevitÂŽees. Le coeur de la mÂŽethodologie est l’identification des situations non coopÂŽeratives. A partir de la description des agents et de leurs interactions, des classes de situations non coopÂŽeratives sont identifiÂŽees comme les situa-tions gÂŽenÂŽeriques identifiÂŽees dans [Cam98] auxquelles peuvent s’ajouter des situations spÂŽecifiques `a l’application. A chacune de ces classes est associÂŽe un traitement permettant de restaurer la situation coopÂŽerative. Cette situation correspond `a un avantage collectif car la base de la mÂŽethodologie est qu’un syst`eme coopÂŽeratif est supÂŽerieur `a un syst`eme qui ne l’est pas. Cette idÂŽee est dÂŽeclinÂŽee dans de nombreuses applications sur lesquelles les notions de situations non coopÂŽeratives sont illustrÂŽees. 11 Formalisation de Kubik Kubik [Kub03] a proposÂŽe une approche formelle de cette idÂŽee de supÂŽerioritÂŽe du collectif sur les individualitÂŽes. Cette approche est fondÂŽee sur la modÂŽelisation des agents sous la forme d’ensemble de r`egles formant une grammaire de tableaux isomÂŽetriques [DFP95, FF96]12. L’approche consiste en trois ÂŽetapes 1. Les agents sont dÂŽecrits `a l’aide de r`egles de grammaire. 2. Deux syst`emes sont dÂŽefinis dont l’un correspond au tout et l’autre `a la somme des parties. 3. Ces deux syst`emes engendrent deux langages. Le cas d’®emergence est celui o`u le langage du tout inclut strictement celui de la somme des parties. Les langages engendrÂŽes peuvent ˆetre vus comme les mondes accessibles par le syst`eme. Nous dÂŽetaillons l’approche adoptÂŽee. DÂŽefinitions Soit V = VT âˆȘVN un alphabet constituÂŽe de terminaux et non-terminaux. Une grammaire formelle est dÂŽefinie comme un quadruplet G= VN, VT, S, P avec S l’axiome le non-terminal initial et P l’ensemble des productions. Une production dÂŽecrit comment rÂŽeÂŽecrire un non-terminal avec une ÂŽeventuelle condition de contexte. Kubik dÂŽefinitun syst`eme de grammaire coopÂŽeratif G= VN, VT, S, P1, . . . , Pn avec les productionsPi qui dÂŽefinissent l’agent i. Contrairement aux grammaires formelles habituelles, les r`egles de rÂŽeÂŽecriture ne modifient pas une chaˆıne de symboles mais un tableau `a deux dimensions. Une propriÂŽetÂŽe d’isomÂŽetrie est requise pour les r`egles afin d’®eviter le probl`eme de dÂŽecider comment ÂŽetendre le tableau. Nous donnons un exemple pour clarifier ce point. ConsidÂŽerons la r`egle de rÂŽeÂŽecriture suivante X X X X X X − {z } α → − − − {z } ÎČ 12 On peut maintenant rÂŽeÂŽecrirex en y X X X X X X X X X X X X − X X {z } x ⇒ −X X X −X X X − X X {z } y L’hypoth`ese d’isomÂŽetrie sur les r`egles permet d’®eviter le cas suivant qui pose un probl`eme X X X − {z } α → − − − {z } ÎČ Cette r`egle nÂŽecessite l’ajout de trois positions et un changement de la taille du tableau. De plus, il y a un choix `a faire entre les deux dÂŽerivations sui-vantes X X X X X X X X X X X X − X X {z } x ⇒ X X X − X X X − X X X − X X {z } y OU X X X X X X − X X X − X X − {z } yâ€Č A partir d’une grammaire et d’une configuration initiale S, Kubik dÂŽefinit – LSM A comme l’ensemble des configurations accessibles par appli-cations de productions contenues dansSiPi surS – Lsomme comme lasuperimposition denensemblesLi o`u chaqueLi est l’ensemble des configurations accessibles par applications de produc-tions dansPi surS Nous renvoyons le lecteur au travail original [Kub01] s’il est intÂŽeressÂŽe par la dÂŽefinition de l’opÂŽerateur de superimposition. Alors la propriÂŽetÂŽe d’®emergence est vraie quand ∃w∈LSM A, w /∈Lsomme =superimpositioniLi Probl`emes posÂŽes Le premier probl`eme que pose cette approche est celui de l’expression des syst`emes l’utilisation de r`egles de grammaires n’est pas forcÂŽement la mÂŽethode de description d’agents la plus aisÂŽee mais surtout il est difficile de savoir ce qui incarne un agent dans une configuration un agent est un ensemble de productions. Le second probl`eme est celui de la dÂŽecidabilitÂŽe pour dire d’une configu-ration qu’elle ÂŽemerge, il faut pouvoir engendrerLSM A mais aussi montrer de tester l’appartenance du mot `a la superimposition de diffÂŽerents langages qui n’est pas traitÂŽee par Kubik. Finalement, nous donnons ici une lecture critique mais qui nous semble invalider du moins partiellement les exemples de populations homog`enes utilisÂŽes par Kubik. Pour une population homog`ene, tous les agents par-tagent le mˆeme ensemble de r`egles ∀iPi = P = SiPi. On a alors ∀iLi =LM AS. Par ailleurs, superimpositionA, A =A ce qui implique que superimpositioniLi = LM AS. Finalement, LM AS = Lsomme et l’emergence n’a pas lieu dans le syst`eme. Kubik fournit une tentative de formalisation de l’®emergence intÂŽeressante qui repose essentiellement sur la commutation entre deux opÂŽerations for-mer le syst`eme avec ses composants composition et mettre ce syst`eme en marche exÂŽecution. En rÂŽesumÂŽe, l’®emergence de Kubik correspond au cas o`u des ÂŽetats de monde ne sont accessibles qu’`a travers l’interaction de plusieurs agents. En commutant les opÂŽerations de composition et d’exÂŽecution, son travail aboutit ` a une forme de non linÂŽearitÂŽe qui lui permet de dÂŽefinir des ÂŽetats comme ÂŽemergents. Conclusion et Position SMA L’ensemble des travaux qui constituent cet axe met l’accent sur la possibilitÂŽe d’un gain apportÂŽe par l’interaction dans le syst`eme. Les tra-vaux de Kubik peuvent certainement ˆetre envisagÂŽes comme une distinc-tion entre un syst`eme parall`ele o`u les diffÂŽerents processus ne s’influencent pas et un syst`eme concurrent o`u les interactions servent `a atteindre l’ob-jectif. L’approche d’ADELFE consiste `a concentrer l’effort de conception sur les situations non coopÂŽeratives qui correspondent `a des interactions dÂŽefaillantes ; aussi on peut voir cette proposition comme une distinction entre un syst`eme avec coopÂŽeration qui pourrait ˆetre comparÂŽe avec un syst`eme sans coopÂŽeration. Dans un mˆeme ordre d’idÂŽee, Searle dÂŽefinit diffÂŽerentes ÂŽemergences selon le degrÂŽe de collectivitÂŽe entre composition et interaction. Le probl`eme central semble ˆetre le suivant les approches informelles permettent de donner un principe de fonctionnement de l’®emergence sans permettre directement de distinguer l’®emergence et servent plus `a orienter le processus de conception du syst`eme ; `a l’inverse les tentatives d’approches formelles semblent tr`es restrictives par le mod`ele d’agents qu’elles imposent. Dans un mod`ele multi-agent, cette approche correspond `a l’importance du collectif, au multi de multi-agent.

\n\n\n le tout est plus que la somme des parties

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1Nous voudrions aggraver le paradoxe du plus dans le moins en montrant que dans certains cas le plus grand loge dans le plus petit par cette maximisation il n’y a pas de plus grand plus que le tout, la relation se trouvera vĂ©rifiĂ©e. En outre, le regard changera de direction au lieu de descendre du plus vers le moins, du tout Ă  l’élĂ©ment, il s’élĂšvera de l’élĂ©ment au tout [1]. 2DĂšs l’AntiquitĂ©, en Inde comme en GrĂšce, certains philosophes reconnurent deux maniĂšres de concevoir la partie comme Ă©lĂ©ment d’un tout, et comme l’une des expressions du ReutersvĂ€rd, Perspective japonaise n° 274 dda, dessin Ă  la plumeLe concept de partie expressive3En posant l’alternative ou bien le tout rĂ©side dans toutes les parties ou bien il rĂ©side en chacune d’elles prise Ă  part, les philosophes bouddhistes avaient dĂ©gagĂ© le concept de partie expressive, en mĂȘme temps que sa singularitĂ© il existe des parties qui ne font pas que constituer le tout mais qui le re-prĂ©sentent, donc leur sont homologues. La relation logique entre le tout et la partie ne serait par consĂ©quent pas seulement d’opposition. 4À partir de l’Ɠuvre d’Anaxagore et de ses propres recherches biologiques, Aristote fut amenĂ© Ă  rĂ©flĂ©chir attentivement sur les rapports existant entre le tout et la partie. C’est au Stagirite et non Ă  Anaxagore que l’on doit la distinction-opposition entre les deux types, homĂ©omĂšres et anhomĂ©omĂšres, de parties. Dans De la gĂ©nĂ©ration et de la corruption, Aristote dit Anaxagore [
] pose comme Ă©lĂ©ments les homĂ©omĂšres, par exemple l’os, la chair, la moelle et chacune des autres choses dont la partie est synonyme du tout [2]. » Les synonymes, en effet, sont identiques en nature et en nom, et contenus dans le mĂȘme genre [3]. Un morceau de chair est de la chair, un fragment d’os est de l’os, une goutte de sang est du sang – chair, os, sang sont des parties homĂ©omĂšres, tandis que le morceau d’une main n’est pas une main, ni la partie d’un visage un visage – main et visage sont des parties anhomĂ©omĂšres. On reconnaĂźtra lĂ  l’origine de la distinction, toujours actuelle, entre les tissus et les organes. 5Il est habituel que les Ă©lĂ©ments d’une classe aient un caractĂšre opposĂ© Ă  celui de cette classe une classe d’élĂ©ments concrets, par exemple, n’est pas elle-mĂȘme concrĂšte. Il arrive en revanche que la partie ait le mĂȘme caractĂšre forme et contenu que le tout dont elle fait partie. C’est elle que l’on appelle partie expressive. 6Les scolastiques disposaient de deux locutions pour dĂ©signer deux phĂ©nomĂšnes qui ont assez de points communs pour ĂȘtre confondus mais aussi suffisamment de diffĂ©rences pour devoir ĂȘtre distinguĂ©s. La pars pro toto littĂ©ralement la partie pour le tout » dĂ©signe la partie qui renvoie au tout, la partie qui fait penser au tout, la partie qui symbolise le tout, parce qu’elle en est le fragment ou bien l’image, ou bien encore le simple signe. La pars totalis littĂ©ralement la partie totale » [4] dĂ©signe, quant Ă  elle, la partie du tout qui possĂšde les mĂȘmes propriĂ©tĂ©s que lui ; elle est le tout en miniature. 7La pars totalis, Ă  la diffĂ©rence de la pars pro toto est beaucoup plus qu’une mĂ©tonymie; elle ne renvoie » pas seulement Ă  la totalitĂ©, elle en est le condensĂ©. Une branche de peuplier peut prendre racine, elle vaut pour l’arbre entier, qu’elle reprĂ©sente en miniature – c’est une pars totalis rĂ©elle. Dans l’ordre symbolique, la monade leibnizienne est une pars totalis, un roman ou un cosmogramme, une pars pro partie expressive rĂ©elle8La partie expressive, qui donne en rĂ©duction une reprĂ©sentation de la structure et de la qualitĂ© du tout qui l’inclut est l’exception, et non la rĂšgle. Sur un plan logique, l’équivalence de la partie et du tout ne manque pas de poser problĂšme elle ruine l’axiome euclidien qui veut que le tout soit plus grand que la partie. La partie expressive rĂ©elle manifeste la relation de l’englobement rĂ©ciproque de la partie et du tout la partie contient le tout qui la contient. La goutte d’eau est dans l’ocĂ©an, et l’ocĂ©an est dans la goutte d’eau », disait Guru Nanak, le fondateur du sikhisme. Comprendre ce dans quoi l’on est compris on sait le jeu que Pascal fit subir Ă  ce verbe, par l’étendue l’univers me comprend, par la pensĂ©e je le comprends
 Bien sĂ»r, il y a glissement de sens, d’une comprĂ©hension spatiale Ă  une comprĂ©hension intellectuelle, il n’en reste pas moins vrai que la pensĂ©e reprĂ©sente un englobement rĂ©versif. Mais celui-ci est antĂ©rieur Ă  la pensĂ©e mĂȘme si celle-lĂ  est seule habilitĂ©e Ă  le pars totalis rĂ©elle9 Mais la mer, pour savoir quel en est le goĂ»t, il n’est besoin que d’une gorgĂ©e », Ă©crit A. Soljenitsyne [5]. L’expressivitĂ© de la partie en mathĂ©matiques peut ĂȘtre dĂ©celĂ©e Ă  deux niveaux qui finissent par se confondre celui, Ă©pistĂ©mologique, de la science mĂȘme et celui, ontologique, des objets dont elle s’occupe. Il n’est aucun secteur du continent mathĂ©matique qui ne dĂ©couvre et n’invente l’expressivitĂ© du tout par la partie. En gĂ©omĂ©trie, on appelle scalantes les figures gĂ©omĂ©triques dont les parties ont la mĂȘme forme ou mĂȘme structure que le tout, seule change l’échelle de grandeur. Tel est le cas des courbes paradoxales n’admettant aucune dĂ©rivĂ©e, dites courbes fractales. Quelle que soit l’échelle retenue au dĂ©part, et donc le degrĂ© de prĂ©cision avec lequel on les examine, ces courbes, qui ont la propriĂ©tĂ© d’autosimilaritĂ©, rĂ©pĂštent sur n’importe lequel de leurs fragments leur structure et leur forme d’ensemble ainsi en va-t-il avec la courbe de Peano ou avec le cĂ©lĂšbre flocon de neige » de von Koch. Les mathĂ©maticiens disent de ces courbes, dont la structure locale la partie rĂ©pĂšte la structure globale le tout, qu’elles sont Ă  homothĂ©tie interne » – synonyme jugĂ© plus prĂ©cis que le terme de scalant. La singularitĂ© de ces figures paradoxales dĂ©termine leur mode de construction, par itĂ©ration. 10Contre Euclide, Aristote et toute la tradition, Ă©tait dĂ©sormais posĂ© comme possible le point de vue selon lequel la partie peut ĂȘtre Ă©gale au tout. Le morceau de miroir brisĂ© qui continue de rĂ©flĂ©chir l’image entiĂšre, le fragment de l’aimant cassĂ© qui a les mĂȘmes deux pĂŽles que le tout dont il provient sont les illustrations classiques de cette pars totalis qui possĂšde les mĂȘmes qualitĂ©s que le tout dont elle est extraite. Les hologrammes, construits par la physique, ont la mĂȘme propriĂ©tĂ© d’autosimilaritĂ© que les courbes paradoxales alors qu’un morceau de photographie dĂ©chirĂ©e n’est plus une photographie, un fragment d’hologramme donne l’image de l’hologramme en son entier. 11Pour les sciences, c’est la gĂ©nĂ©ralitĂ© qui est la rĂšgle et la singularitĂ© qui est l’exception. Leibniz aimait Ă  rĂ©pĂ©ter le mot d’Arlequin LĂ -bas, c’est tout comme ici. » L’universalitĂ© des lois physiques rend possible, en sciences, une formidable Ă©conomie de moyens. Puisque l’atome d’hydrogĂšne ici est le mĂȘme que l’atome d’hydrogĂšne, lĂ -bas, qui se convertit en hĂ©lium, dans le Soleil, n’importe quel morceau de matiĂšre peut constituer un Ă©chantillon. Cette notion d’échantillon est intĂ©ressante en connotant Ă  la fois l’étalon de mesure et la partie totale le morceau d’étoffe prĂ©levĂ©e permet de connaĂźtre la qualitĂ© de l’ensemble, elle montre comment la partie peut justement servir d’instrument de mesure pour le tout. Dans les sciences de l’homme, un Ă©chantillon est la partie reprĂ©sentative d’une population donnĂ©e. Une loi mathĂ©matique Ă©nonce mĂȘme qu’un Ă©chantillon de 1 000 personnes suffit Ă  connaĂźtre une population quelle qu’en soit la taille. Ce rĂ©sultat, si contraire Ă  notre intuition il n’est pas nĂ©cessaire de prĂ©lever un Ă©chantillon plus grand aux États-Unis qu’en Suisse, prouve que la logique mĂ©rĂ©ologique celle des relations de la partie au tout ne peut ĂȘtre rĂ©duite aux questions d’ pars pro toto rĂ©elle12Dans le livre qu’il a consacrĂ© Ă  l’artiste Michel Paysant [6], F. Dagognet a montrĂ© comment, Ă  travers l’objet le plus vil d’apparence un morceau d’asphalte, les deux mondes, cosmique et humain, pouvaient ĂȘtre convoquĂ©s. Dans la nouvelle L’Aleph, qui symboliquement donne son nom au recueil, Borges dĂ©finit l’aleph comme l’un des points de l’espace qui contient tous les points, le lieu oĂč se trouvent sans se confondre tous les lieux de l’univers, vus de tous les angles. MĂȘme s’il convient de laisser au champ de la fiction littĂ©raire cette conjonction, le rĂ©el nous offre plusieurs exemples d’englobement du tout par la partie. N’importe quelle pierre porte en elle, sur elle, les traces de l’histoire de l’univers, et c’est parce qu’une seule feuille contient le vĂ©gĂ©tal entier que les bouturages sont possibles. En anthropologie, Marcel Mauss avait dĂ©celĂ© dans le don une partie expressive de la sociĂ©tĂ© primitive, et c’est pourquoi il l’avait appelĂ© fait social total. 13Kant [7] dĂ©jĂ  savait que l’on peut dĂ©terminer l’ñge d’un poisson Ă  l’état de ses Ă©cailles observĂ©es au microscope. La re-prĂ©sentation, comme prĂ©sence redoublĂ©e, n’est pas l’apanage de la pensĂ©e. La matiĂšre peut garder en elle la trace qui l’informe. Ainsi dans des espaces trĂšs rĂ©duits se sont parfois sĂ©dimentĂ©es de trĂšs longues durĂ©es les cernes plus ou moins resserrĂ©s de l’arbre constituent une vĂ©ritable Ă©criture naturelle et l’on peut y lire le climat des annĂ©es, voire des siĂšcles passĂ©s [8]. Les glaces polaires sont des archives sans arrĂȘt empilĂ©es selon l’ordre du temps ; les carottes prĂ©levĂ©es, comme les cernes de l’aubier, illustrent ce fait, loin de la RelativitĂ©, que le temps peut devenir espace. La petitesse de cet espace avec le carottage, nous retrouvons l’idĂ©e d’échantillon n’induit pas l’illisibilitĂ© – au contraire ! 14La cellule, qui est une toute petite partie d’un tout l’organisme, contient dans son noyau, enroulĂ©e dans ses longues molĂ©cules d’ADN, la totalitĂ© du gĂ©notype qui commande Ă  la constitution de ce tout ; de plus, la cellule a les mĂȘmes propriĂ©tĂ©s que l’organisme entier. Les parties sont Ă©ventuellement capables de refaire le tout. Une seule cellule suffit pour constituer l’animal, ainsi que le montre la technique du clonage. Il existe bien d’autres systĂšmes qui illustrent ce paradoxe selon lequel la partie englobe le tout qui l’englobe. En linguistique une phrase d’une langue quelconque est une partie de celle-ci en mĂȘme temps qu’elle la contient tout entiĂšre. En sociologie et en anthropologie l’individu, partie de la sociĂ©tĂ© dont il fait justement partie, la contient toute dans la mesure oĂč il est lui-mĂȘme ĂȘtre social avec sa langue, sa culture, ses rĂšgles et ses normes, etc. Aussi ne sera-t-on pas Ă©tonnĂ© si, vis-Ă -vis du sens, le tout et la partie sont dans un rapport de mutuelle dĂ©termination le tout donne du sens Ă  la partie mais en retour la partie contribue Ă  donner sens au tout. L’homme est un pĂ©pin, l’univers est une pomme », disait Paracelse le contenu est aussi un contenant. Un dicton juif lui fait Ă©cho il y a plus de pommiers dans une pomme que de pommes dans un pommier. Il est donc possible que la partie contienne plus que le tout Giordano Bruno Ă©tait fondĂ© Ă  dire que le minimum est un maximum partie expressive symbolique15G. Bachelard appelait rĂȘverie lilliputienne cette espĂšce de ruse du symbolique qui attrape le tout par la plus petite de ses parties. Puisqu’il n’est pas possible matĂ©riellement de tout avoir, ou bien – ce qui revient au mĂȘme – puisque cette totalitĂ© matĂ©rielle, extensive, est Ă  jamais hors d’atteinte, reste le plus court chemin de la synecdoque qui, par l’extraordinaire ellipse qu’elle reprĂ©sente, nous offre le monde dans une coquille de noix. Quelques rectangles disposĂ©s en croix et marquĂ©s Ă  la craie sur le sol, et l’enfant saute de la terre au ciel presque aussi aisĂ©ment qu’un moineau. L’art, la science, la technique, bref tous les systĂšmes symboliques de connaissance et de maĂźtrise du monde procĂšdent de cette maniĂšre. Pour comprendre la totalitĂ©, il faut commencer par la rĂ©duire – Ă  un signe, un nombre, une image. Condensations extrĂȘmes d’espace et de sens, les symboles permettent Ă  l’ĂȘtre humain d’avoir barre sur les choses au lieu de subir leur infini Ă©parpillement. Ils rendent la totalitĂ© pars totalis symbolique16Un mot et un affect, un signe et un objet peuvent signifier le tout auquel ils ont Ă©tĂ© arrachĂ©s ou dans lequel ils ont Ă©tĂ© placĂ©s. Ce renvoi est au centre de la pensĂ©e primitive », il la dĂ©termine et la colore dans sa mythologie et son rituel. Alors, en effet, que la pensĂ©e scientifique Ă©tablit des distinctions tranchĂ©es entre les diffĂ©rents types de relations tout/partie, la pensĂ©e primitive tend Ă  les assimiler. LĂ©vy-Bruhl a analysĂ© chez les peuples sans Ă©criture le procĂ©dĂ© qu’il appelle participation la croyance selon laquelle la possession de l’image d’une chose confĂšre une puissance sur la chose elle-mĂȘme relĂšve de ce mĂ©canisme de la pensĂ©e. Constamment, spontanĂ©ment, le rĂ©el est mĂ©tonymisĂ©. Dans notre perception empirique du rĂ©el, le tout se compose » de ses parties ; selon la logique de la connaissance, il en est le rĂ©sultat ». La conception mythique n’admet aucune de ces deux relations – elle place le tout et les parties dans une situation d’indiffĂ©rence intellectuelle et rĂ©elle [9] le tout n’a pas de parties, la partie est immĂ©diatement le tout, et possĂšde son efficace. La partie n’est pas une simple dĂ©putation, un vicariat, comme dit Cassirer [10] cette relation est une dĂ©termination rĂ©elle, une corrĂ©lation qui n’est pas comprise gnosĂ©ologiquement mais ontologiquement. C’est sur cette logique associative que reposait le culte des reliques, le plus petit fragment de croix valait pour la croix tout entiĂšre donc pour JĂ©sus, la phalange du saint Ă©tait le saint le partage de la puissance ne la fractionne pas, chacun peut ainsi en avoir sa part et l’avoir tout entiĂšre. L’avantage du signe sur l’objet est de pouvoir ĂȘtre redoublĂ© Ă  l’infini. À la diffĂ©rence du fragment, la parcelle garde l’image du tout dont elle a Ă©tĂ© dĂ©tachĂ©e, et c’est pourquoi, en termes juridiques, elle constitue l’unitĂ© de cadastre, signalĂ©e par une mĂȘme culture ou une mĂȘme utilisation. Et c’est pourquoi dans la liturgie catholique le prĂȘtre est tenu de prendre des prĂ©cautions pour Ă©viter la chute des parcelles des hosties consacrĂ©es. J. Lacan, dans son sĂ©minaire sur La lettre volĂ©e », montre qu’une lettre reste ce qu’elle est, une lettre, mĂȘme lorsqu’elle est mise en petits morceaux ; la matĂ©rialitĂ© du signifiant est plus forte que celle de l’espace. Saint Thomas d’Aquin, en une belle image que reprendra aprĂšs lui Luther, comparait les hosties multipliant Ă  l’infini le corps du Christ aux fragments d’un miroir restituant chacun l’intĂ©gritĂ© des choses visibles. Le corps du Christ est diffractĂ© en une infinitĂ© de petits mondes symboliques d’oĂč la forme ronde des hosties, tout entier prĂ©sent en chacune de ces parties. L’idĂ©e a eu un rĂŽle et un impact politiques de toute premiĂšre importance. Dans le christianisme, l’Église locale est censĂ©e reprĂ©senter et incarner la totalitĂ© de l’Église la partie assure la lieutenance du tout. Semblablement, un Ă©lu de la nation, dans les dĂ©mocraties modernes, est censĂ© reprĂ©senter le peuple tout entier n’y a-t-il pas, par-delĂ  les ruptures, une continuitĂ© du concept de reprĂ©sentation ? 17L’idĂ©e de microcosme est une autre forme prĂ©gnante de la pars totalis symbolique. L’image de l’homme microcosme est courante Ă  la Renaissance aussi bien Marcile Ficin que Pic de La Mirandole lequel dĂ©finissait l’homme comme l’Ɠil du monde » et Paracelse voient dans l’homme l’ĂȘtre universel dans lequel se reflĂšte le Tout. Pour Paracelse, l’homme, univers miniature, est la quintessence, un extrait, un condensĂ©, un concentrĂ©, un rĂ©sumĂ© de l’organisme du monde – son corps est fait de soufre, de sel et de mercure, et son Ăąme obĂ©it aux astres, lesquels influencent les maladies. Entre les organes et les Ă©lĂ©ments du monde minĂ©raux, vĂ©gĂ©taux, animaux existent des correspondances secrĂštes thĂ©orie des signatures. 18En philosophie, l’expressivitĂ© caractĂ©rise les systĂšmes de Leibniz et de Hegel. Comme Plotin figurait le monde intelligible en chaque intelligible, Leibniz voyait dans la monade le microcosme de l’univers. Leibniz dit de la monade qu’elle symbolise avec toutes les autres formes extĂ©rieures Ă  elle, la seule diffĂ©rence venant de la plus ou moins grande clartĂ© avec laquelle cette expression est produite. En fait, selon le principe du continu, la partie n’est mĂȘme plus partie. La totale cohĂ©rence du systĂšme symbolique d’oĂč le rĂȘve d’une caractĂ©ristique universelle doit Ă  son tour exprimer celle de l’univers. 19La philosophie hĂ©gĂ©lienne, en assimilant le logique et l’ontologique, va plus loin encore, en faisant de chaque partie du rĂ©el l’expression de la totalitĂ© du rĂ©el, et de chaque partie du systĂšme, l’expression de la totalitĂ© du systĂšme. Dans la mesure exacte oĂč le systĂšme et la rĂ©alitĂ© s’entre-expriment au sein de l’IdĂ©e, toutes les parties » du systĂšme hĂ©gĂ©lien sont des parties expressives. La Logique, la Philosophie de la Nature et la Philosophie de l’Esprit sont bien les parties de l’EncyclopĂ©die, mais non des parties du systĂšme car ils reprĂ©sentent des moments dans l’autodĂ©veloppement du tout dont chacun lui est homologue. Chaque Ă©tape de ce dĂ©veloppement implique comme pars totalis ce dĂ©veloppement entiĂšrement dĂ©ployĂ©. C’est pourquoi Hegel est Ă  la fois le plus difficile et le plus facile Ă  comprendre de tous les philosophes le plus difficile car sans la perception de l’ensemble aucune partie ne saurait ĂȘtre saisie, et le plus facile parce que le systĂšme entier peut ĂȘtre saisi par n’importe quel fragment, qui fait passage pars pro toto symbolique20On dit que sur la seule surface d’un grain de riz un artiste japonais dessinait les paysages du monde, avec les mers, les montagnes, les riviĂšres et les plaines, et dans les jardins secs des temples de Kyoto un rocher suffit pour figurer une chaĂźne de montagnes tandis que les sillons tracĂ©s dans le gravier soigneusement ratissĂ© renvoient au courant de l’ocĂ©an cosmique. Tout commence, une fois encore, avec la synecdoque du sacrĂ©. Le principe de la participation implique que chaque partie vaut pour le tout de sorte que la relation Ă  une partie arbre, plante, etc. entraĂźne la participation au tout vie, nature, histoire, divinitĂ©, cosmos. On pourrait Ă  ce propos parler d’objet symbolique total – car, de la mĂȘme façon qu’un symbole connote une pluralitĂ© de sens qui en font toute l’ambiguĂŻtĂ© et la richesse, de mĂȘme certains objets rejoignent les directions opposĂ©es du rĂ©el, et traduisent ainsi celui-ci dans sa totalitĂ© symbolique. La prĂ©sence de la totalitĂ© dans l’élĂ©ment le plus humble transmute le regard en vision. Ainsi dans la bouche de Krishna enfant, sa mĂšre dĂ©couvre rien moins que l’univers entier. Une tradition dit que Yashoda se vit elle-mĂȘme dans la bouche de son enfant, le prenant sur ses genoux et lui donnant le sein. 21L’image joue par rapport Ă  l’original le rĂŽle de la partie par rapport au tout elle est un agent de transmission. Et cela explique pourquoi il y a si peu de milieu religieux entre l’iconolĂątrie et l’iconoclastie, entre le dĂ©voilement du sacrĂ© et son dĂ©voiement par l’image. C’est parce qu’ils refusaient l’identification du tout Ă  une partie le veau d’or, une statue, et donc la fragmentation de l’absolu, que MoĂŻse et Mahomet ont fait de l’idolĂątrie un pĂ©chĂ© suprĂȘme. C’est Ă  l’inverse parce qu’ils pensent qu’il n’y a pas d’absolu sans rĂ©vĂ©lation que les hindous ont créé une religion iconolĂątre. 22De tous les signes sacrĂ©s, c’est un mot, un monosyllabe qui est le plus chargĂ© de sens dans toute la tradition indienne. Nulle part, dans aucune culture, le tout, l’infini, l’absolu n’a Ă©tĂ© Ă  ce point rĂ©duit Ă  presque rien. Il est gravĂ© en lettre de pierre sur les murs des temples et inlassablement rĂ©pĂ©tĂ© au cours de priĂšres qui semblent ne devoir finir qu’avec le monde mĂȘme. AUM est le son primordial, d’abord inaudible, qui crĂ©e toute chose ; il est l’essence mĂȘme des VĂ©das, et sa rĂ©citation vaut lecture et connaissance. Il est, disent les Upanishad, l’arc, le moi Ă©tant la flĂšche et Brahma la cible ; il rĂ©unit en lui l’univers entier, ou plus exactement ĂȘtres et choses sont supportĂ©s par lui comme les perles d’un collier sont tenues ensemble par le fil qui les traverse. 23De tous les arts, l’architecture fut, avec la poĂ©sie, celui qui, par excellence, dans toutes les cultures, dĂ©ploya un sens cosmique. La ville, le jardin, le temple, la maison peuvent symboliser l’univers ; mieux, ils symbolisent avec l’univers pour reprendre l’expression alchimique maintes fois utilisĂ©e par Leibniz. La fonction univers de l’architecture ne rĂ©side pas seulement dans son inscription symbolique dans l’espace et le rĂ©seau de correspondances qu’elle tisse, mais dans la genĂšse de sa formation, passage du dĂ©sordre Ă  la forme. La ville Ă©tait un tout qui connotait la totalitĂ©. Par ses tableaux, animĂ©s ou inanimĂ©s, ses sculptures, sa musique, ses parfums, elle Ă©tait Ɠuvre totale. Le mot urbs, ville en latin, tire d’ailleurs peut ĂȘtre son origine d’orbs, l’orbe, le cercle. Dans les sociĂ©tĂ©s les plus diverses, la ville est un rĂ©sumĂ© d’univers. D’oĂč la symbolique universelle du cercle et du carrĂ©. 24La poĂ©sie n’offre pas moins d’exemples que l’architecture le mot n’est-il pas, par excellence, la fixation symbolique d’une totalitĂ© indĂ©finie, sinon infinie, grĂące Ă  la plus radicale des Ă©conomies de moyens ? Car il s’agit toujours de faire piĂšce Ă  la dispersion d’un rĂ©el hors d’atteinte par voie directe. 25Toutes les Ă©popĂ©es – ces vastes poĂšmes de la totalitĂ© – comprennent un Ă©pisode, une image circulaires qui les condensent en les redoublant. Le bouclier d’Achille contient en petit l’Iliade entiĂšre – or l’Iliade contient le monde. La guerre, l’agriculture, le pouvoir et le jeu ont leurs images sur le bouclier d’Achille. Au chant VIII de l’ÉnĂ©ide, Virgile accentuera ces effets de vertige en imaginant sur le bouclier d’ÉnĂ©e des dĂ©tails microscopiques LĂ , une oie d’argent, voletant sous les portiques dorĂ©s, annonçait par ses cris l’arrivĂ©e des Gaulois aux portes de la ville. Les Gaulois se glissaient parmi les buissons et, protĂ©gĂ©s par les tĂ©nĂšbres grĂące Ă  une nuit opaque, ils allaient occuper la citadelle ; leurs cheveux sont d’or, leurs vĂȘtement d’or ; leurs sayons rayĂ©s brillent ; leurs cous de lait sont cerclĂ©s d’or [11]. » 26Dernier exemple, le cinĂ©ma, parce qu’il montre les choses » dĂ©tachĂ©es de leur ensemble, offre l’équivalent de la synecdoque poĂ©tique – un objet peut valoir pour le tout dont il fait et dont il est partie. Ainsi, dans Le CuirassĂ© Potemkine, le lorgnon qui se balance au bout de la vergue renvoie-t-il Ă  son propriĂ©taire, le mĂ©decin de l’équipage, mais, au-delĂ , Ă  la classe dont celui-ci est membre et au systĂšme social qu’il reprĂ©sente. Mais l’objet dĂ©tachĂ©, prĂ©cisĂ©ment, connote la rĂ©volte des marins, la rĂ©volution qui commence – si bien qu’en une seule image d’un objet, qui plus est dĂ©risoire, Eisenstein signifie Ă  la fois l’ordre et la rĂ©volution, le passĂ© et l’avenir, bref le tout de l’histoire. IsolĂ©, l’objet devient le tout. 27Il est possible que l’expressivitĂ© de la partie symbolique repose sur la capacitĂ© du langage de dĂ©border constamment la particularitĂ© de ses Ă©lĂ©ments – mais la perception et le dĂ©sir qui ont une dimension antĂ©prĂ©dicative ont un pouvoir analogue d’amplification. Cette amplification – dont la totalitĂ© constitue Ă  la fois l’élĂ©ment, l’essence et la limite – est au cƓur de n’importe quel systĂšme symbolique, qu’il soit art, science, technique ou langage en gĂ©nĂ©ral. GrĂące Ă  cet extraordinaire moyen, dont aucun autre animal n’est pourvu, nous pouvons, selon les puissantes paroles du poĂšte 28Voir un Monde dans un grain de sable,Et un ciel dans une fleur sauvage,Tenir l’infini dans la paume de la main,Et l’éternitĂ© dans une heure. [12] Notes [1] Cet article reprend et dĂ©veloppe un certain nombre d’indications figurant dans notre travail La TotalitĂ© I, De l’imaginaire au symbolique, Champ Vallon, 1998, p. 565-584. [2] Aristote, De la gĂ©nĂ©ration et de la corruption, 314 a 19, trad. J. Tricot, Vrin, 1971, p. 3. [3] Note de J. Tricot, ibid. [4] L’expression de partie totale figure dans l’opuscule de Leibniz sur l’origine radicale des choses, mais l’idĂ©e est explicite chez Plotin, Ă©crit-il EnnĂ©ades, IV, 2. [5] A. Soljenitsyne, L’Archipel du Goulag, exergue du tome II. [6] F. Dagognet, Michel Paysant, Logique et PoĂ©tique, Éditions Voix Richard Meyer et les Cahiers du regard, 1994. [7] E. Kant, GĂ©ographie, AK IX, 252, trad. coll., Aubier, 1999, p. 162. [8] Le travail de dĂ©chiffrage a donnĂ© naissance Ă  une discipline nouvelle, la dendrochronologie. [9] E. Cassirer, La Philosophie des formes symboliques, tome II, trad., J. Lacoste, Les Éditions de Minuit, 1972, p. 73. [10] Ibid. [11] Virgile, ÉnĂ©ide, trad. M. Rat, Garnier-Flammarion, 1965, p. 186. [12] W. Blake, Augures d’innocence » in ƒuvres, tome II, trad. P. Leyris, Aubier-Flammarion, 1977, p. 152.

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